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  Gabriele Di Matteo 

expositions temporaires
China made in Italy  Di_Matteo_China
Le Peintre salue la mer, 2005  
The Blind Man, 1998  
Isola (Art) Project Milano  Di_Matteo_Isola

présentation des collections
L'Escalier   

  Fabrice Gygi

exposition temporaire
Mutual Agreement  

  Bujar Marika 

expositions temporaires
Tableaux  Marika_Tableaux_T
Paradox Park  Marika_Paradox_T
Bâtimental  Marika_Batimental_T

présentation des collections
L'Escalier  Marika_Escalier_I Marika_Escalier_T

  Gérald Minkoff

exposition temporaire
Un portrait  

  Gianni Motti

présentation des collections
Big Crunch Clock, 1999   

  Petra Mrzyk et Jean-François Moriceau

exposition temporaire
Never Say Never Again   

  Maurizio Nannucci

présentations des collections
Art, Text, Light, Sign   
L'Appartement    

présentation des collections / archives
Nord 2  

  Michel Verjux

présentation des collections
depuis 1994  



L'Escalier  
Gabriele Di Matteo, Jenny Holzer, Fabrice Gygi, Patrick Hospital, Bujar Marika, Gérald Minkoff, Gianni Motti, Matt Mullican, Petra Mrzyk et Jean-François Moriceau, Maurizio Nannucci, André Thomkins, Felice Varini, Michel Verjux

Une des spécificités du Mamco est de proposer des œuvres aux visiteurs dans des espaces a priori inadaptés à l’exposition. Ainsi en va-t-il avec les toilettes du musée dans lesquelles sont installées des pièces d’Étienne Bossut, de Philippe Ramette, de Philippe Parenno et de Stéphane Steiner. Ainsi en va-t-il aussi avec l’escalier du bâtiment qui accueille une quinzaine de travaux d’artistes très divers proposant ainsi une manière de musée vertical à l’intérieur même de l’institution.

L’Escalier fut le premier espace du bâtiment occupé par le Mamco à accueillir une exposition avant même l’ouverture au public du lieu. En juin 1994, en effet, Le musée est dans l’escalier proposait un certain nombre d’œuvres qui, depuis, sont toujours en place : un double éclairage de Michel Verjux au rez-de-chaussée, quatre néons de Maurizio Nannucci dans les étages et les Deux cercles concentriques via le rectangle de Felice Varini en haut de la cage d’escalier. Ainsi le visiteur est-il d’emblée accueilli par des pièces — Deux directions cruciales de Verjux annonce le sens de la marche tout en jouant, dans son titre, avec le signe de la croix, ombre portée projetée sur un des murs de l’escalier, et la racine latine du terme croix (crux) — et voit sa visite rythmée par des œuvres présentes jusqu’au sommet du bâtiment. Cette diversité de propositions a été complétée avec le temps sans jamais déroger à son principe de fonctionnement : décloisonner les espaces en proposant au visiteur de regarder partout autour de lui pour découvrir, même là où il s’y attend le moins, de l’art. Par là se trame aussi une désacralisation du musée et de ses œuvres, une déhiérarchisation qui fait des lieux de circulation et des interstices des outils de monstration aussi pertinents que les salles réputées plus nobles. Certaines des œuvres installées dans l’escalier sont exclusivement conçues pour cet écrin : la pièce de Felice Varini, parfaitement intégrée à l’architecture tout au bout de la montée des marches, est un travail in situ que le visiteur appréhende en occupant le palier d’une manière bien précise, ce qui lui permet d’avoir un point de vue sur la pièce et en réalité de la construire. Il lui suffit de bouger de quelques centimètres pour défaire visuellement le dessin conçu par l’artiste et perdre de vue le travail. Accrochés aux rampes le long des premières marches de l’escalier, des manières de coussins protecteurs créés par Fabrice Gygi proposent un dispositif visuellement très présent : de couleur orange, ils attirent le regard et invitent à la montée tout en l’adoucissant. Ils sont aux dimensions de l’espace sans être installés d’une manière définitive.

Ce qui frappe dans nombre d’œuvres visibles dans l’escalier, c’est le rôle qu’y joue le signe : signe écrit ou mathématique, il est omniprésent. Ainsi l’horloge numérique de Gianni Motti, au-dessus des ascenseurs au rez-de-chaussée, est-elle en vis-à-vis d’un néon de Nannucci qui expose le mot art — entrée en matière parfaite pour un musée — traité d’une manière polychrome. Ainsi Rue d’odeur (1997-1998), la plaque de Patrick Hospital, et les Inflammatory Essais de Jenny Holzer (1979-1982), sont-ils en résonance avec « Amen! ici cinéma ! » (1978), le palindrome de Gérald Minkoff, ou bien avec « Oh cet écho ! » (1975-1985) d’André Thomkins. Chaque fois ce qui est à voir est aussi à lire et montre à quel point le Mamco est également un musée écrit. Ce qui frappe aussi, c’est la présence de l’art dans tout l’espace disponible, y compris au sol : Untitled (1984) de Matt Mullican installé sur le palier du troisième étage est un ensemble de motifs incrustés dans le sol à la manière d’un pavement ancien alors que la Table d’orientation (1994) de Martin Kippenberger, incrustation en métal, accueille le visiteur avant même la montée des marches. Si l’escalier a été un motif majeur qui a joué un rôle déterminant dans l’invention de la modernité artistique (que l’on pense simplement au Nu descendant un escalier (janvier 1912) de Marcel Duchamp et aux réactions qu’il a suscitées en France et aux États-Unis), l’escalier du Mamco prolonge cet « esprit d’escalier » en faisant de cet « objet » un véritable outil de visibilité pour l’art. Et sans doute faut-il voir aussi dans cette élévation que permet la montée des marches une métaphore d’une autre élévation que rend possible le musée : celle du regard ici sollicité pour prendre en compte les versions les plus actuelles et les plus singulières de formes, d’objets et de signes.