MAMCO CURRENT WEBSITE
2_1 MAMCO 2_1 AGENDA PRESSE CHRONIQUES MISCELLANEES RADIO FILMS
4_1 EXPOSITIONS COLLECTIONS ARTISTES PUBLIC EDITIONS MUSEE INFORMATIONS

 

COLLECTIONS_PRESENTATION COLLECTIONS_ARCHIVES
A B C D E F G H i J K L M N O P q R S T u V W x y Z
    

  Gabriele Di Matteo 

expositions temporaires
China made in Italy  Di_Matteo_China
Le Peintre salue la mer, 2005  
The Blind Man, 1998  
Isola (Art) Project Milano  Di_Matteo_Isola

présentation des collections
L'Escalier   

Gabriele Di Matteo, China made in Italy 1
Gabriele Di Matteo, China made in Italy 2
Vues partielles de l'exposition

 






Gabriele Di Matteo, China made in Ialy, 2005

in L’Éternel Détour, séquence été 2013
du 5 juin 2013 au 15 septembre 2013



Peintre d’origine napolitaine installé à Milan, Gabriele Di Matteo a montré son travail à de nombreuses reprises  au Mamco tandis qu’une de ses peintures de petit format est visible en permanence dans les escaliers du musée. L’exposition China made in Italy propose une nouvelle exploration des processus  de production qu’il met régulièrement en œuvre et qui passent souvent par la répétition, la délégation de gestes et le choix de motifs dont certains  sont très souvent déceptifs.


Réalisée en 2009, la série de tableaux montrée cet été au Mamco se compose d’une soixantaine de toiles qui peuvent être classiquement accrochées au mur et/ou laissées au sol appuyées sur une cimaise. Le visiteur a ainsi l’impression d’être comme dans l’atelier de l’artiste lorsqu’il regarde l’exposition, ou plus précisément dans une fabrique d’images stockées là en attendant de partir ailleurs, ce qui correspond assez exactement à l’esprit du travail de Gabriele Di Matteo qui est, au fond, un imagier, un fabriquant d’images. Pour faire ces tableaux, il s’est adressé, comme c’est souvent le cas chez lui, à des peintres napolitains spécialisés dans la peinture d’un certain type de motifs (les fleurs, la mer...) qu’ils traitent d’une manière systématique, développant une production massive destinée au grand public et particulièrement appréciée par les touristes. Bref, G. Di Matteo a fait faire ces tableaux en les confiant à cinq peintres quasi anonymes qui produisent d’habitude à la chaîne des images sans grande prétention artistique. Celles-ci sont véritablement peintes, exécutées chaque fois à la main et en grand nombre. Elles appartiennent par conséquent de fait, du point de vue de leur processus d’exécution, à cette vision de l’artiste, amplement développée par la modernité et l’art actuel (Warhol, Manzoni, Angela Bulloch...), comme incarnation  ou animateur d’une machine à peindre, même si leur esthétique ignore la modernité et son histoire. Comme leurs titres l’indiquent, elles sont des reproductions de tableaux réalisés par des peintres chinois contemporains, tableaux dont les photos sont disponibles dans des catalogues ou des revues d’art (le after présent dans ces titres rappelle celui utilisé par Sherrie Levine pour qualifier son propre travail de copiste des créations majeures du modernisme occidental). Quinze artistes au total ont été sélectionnés pour composer, à travers un choix portant sur quatre ou cinq exemplaires de leurs œuvres, cette série selon un critère précis : ce sont les peintres chinois actuels les plus cotés sur le marché (Yue Minjun, Shi Xinning, Zhao Bo...). Pas d’approche esthétique ici mais une froide évaluation de la valeur marchande comme élément moteur de la fabrication des images. Celles- ci, souvent de grandes dimensions, sont toutes en noir, blanc ou gris, à la différence de la quasi-totalité des originaux largement composés à partir de couleurs criantes. Par ce biais, G. Di Matteo homogénéise visuellement cette série, au-delà de la différence marquée des motifs, et s’approprie les originaux (cet univers tout en grisaille est aussi celui de The Blind Man, une série de cinq tableaux de l’artiste appartenant à la collection du Mamco). Les copies peuvent comporter de modestes voir d’infimes variations, car il s’agit ici d’interroger la possibilité de la reproduction parfaite, de la répétition absolue, en constatant que la différence entre l’original et sa reprise est insurmontable. Et si tout tableau est unique, c’est que la main qui peint, quel que soit son savoir-faire, est toujours une main qui invente, qui produit des variations. Il y a beaucoup de liberté et d’ironie dans China made in Italy : alors que la vieille Europe est aux prises avec une crise économique dont l’origine vient aussi de la délocalisation de sa production industrielle en Chine, G. Di Matteo délocalise la production de la peinture chinoise à Naples ; alors que les originaux sont faits par les nouvelles stars du marché de l’art globalisé, les copies sont exécutées par un imagier pratiquement sans notoriété issu d’un marché local ; alors que les originaux célèbrent bien souvent un chromatisme joyeux et séducteur, quasiment insouciant, leur version occidentale est visuellement dévitalisée, incomparablement plus sérieuse.  Et alors que le musée en général recueille ce qui est supposé relever de l’art, du grand art, G. Di Matteo nous montre que cette catégorie est aussi sujette à caution que la célébration tonitruante — et propre à l’Occident — de l’originalité.


Gabriele Di Matteo est né dans la ville italienne de Torre del Greco en 1957 ; il vit à Milan.