Vues partielles de l'exposition |
Bujar Marika, Tableaux in Des histoires sans fin, séquence automne-hiver 2013-2014 |
« Les éléments fondamentaux de mon travail sont les formes, les couleurs, la technique, la frontalité et l'immédiateté. L'économie de la forme, le traitement neutre et impersonnel de la surface, la décision radicale et l'esprit minimal sont les approches et intentions de ma démarche artistique. » Bujar Marika, 1998 L’œuvre picturale de l’artiste Bujar Marika se développa principalement durant les années 1998-2008 bien qu’il peignait déjà avant et qu’il continua toujours à peindre après cette période. B. Marika a toujours eu une production multiple et diverse quant au choix des médias. Non seulement il poursuivit une activité graphique tout au long de sa vie, que ce soit comme designer de jeux pour enfants, de couverture de livres ou d’identité d’entreprise, mais il entra en correspondance avec de nombreux artistes à travers des pratiques aussi variées que l’installation, l’édition limitée, le land-art, le ready-made. Lorsqu’il arriva en Suisse en 1992, il focalisa ses activités uniquement sur la création artistique et développa d’abord un travail graphique et pictural. Ce n’est que plus tard qu’il décide de se vouer principalement à la sculpture et aux installations. À Berne, il rencontra Max Bill qui l’invita à peindre. Si dès les débuts il s’affilia avec l’art concret, B. Marika ouvrit très vite sa pratique à une multiplicité de courants, tels que l’art abstrait, minimal, conceptuel, radical et analytique — autant d’approches selon lesquelles il organisa ensuite méthodiquement ses compositions. La production picturale de B. Marika est dense, complexe et truffée de citations. Artiste autodidacte, ses références furent Malevitch et Mondrian, les peintres suisses Camille Graeser (1892-1980), Richard Paul Lohse (1902-1988), Karl Gerstner (né en 1930), auxquels il rend hommage dans une série intitulée Hommage, Max Bill et Blinky Palermo que l’on retrouve dans plusieurs toiles, les expressionnistes abstraits américains tels que Ad Reinhardt et Barnett Newman, et Robert Ryman, puis Mallarmé et Duchamp. Dès le départ, et sans jamais se départir de ces principes au fil des années, B. Marika joua sur l’opposition entre rationalité / irrationalité « en opposant l’élément de surprise à la logique et surtout en échappant résolument à la représentation, à l’illusion et à la signification », comme il l’expliqua lui-même dans un court texte daté de 1998. Paradoxalement, c’est le choix restreint des couleurs, la répétition et le travail en série qui lui permettent de produire des œuvres dont « les possibilités sont apparemment ouvertes et infinies alors qu’elles répondent à des décisions d’une rationalité et d’une logique imparables. » Avec quelques-unes de ses toiles les plus significatives, l’exposition Tableaux présente un bref aperçu de la prolifique production picturale de B. Marika durant cette période, un production qui ne fut que très rarement exposée à Genève. Anne-Laure Oberson |
Bujar Marika est né à Tirana (Albanie) en 1943 ; il est décédé à Genève en 2009. |