Vue partielle de l'exposition |
Tatiana Trouvé, The Longest Echo — L’Écho le plus long in cycle Des histoires sans fin, séquence été 2014 |
Sans Titre (Plug) On peut accorder à l’intensité, sur un plan physique, deux qualités complémentaires : en tant que force, elle se mesure ; en tant que quantité, elle traverse un élément qui la conduit. L’électricité et le magnétisme, lorsqu’ils sont soumis à des puissances et à des degrés élevés d’intensité, modifient un milieu jusqu’à le saturer. Les prises que Tatiana Trouvé bouclent sur elles-mêmes, et qui dans l’effet de ce court-circuit se figent en dessinant des mouvements ondulatoires, semblent sous l’emprise de ces phénomènes de transformation généralement identifiés dans le domaine sonore. Comme si elles étaient soumises aux lois de la vitesse et de l’amplification, dans une tension portée à son maximum, à la limite où leur milieu finirait par se déformer pour entrer dans une autre dimension, sous l’effet d’une puissance excessive. Le court-circuitage électrique accorderait une mesure à cette démesure en traçant ses lignes dans l’espace. On connaît bien une manifestation, qui participe de ce stoppage définitif du mouvement : la pétrification. Et sa mise à l’arrêt par une intensité aussi extrême que soudaine est aussi décrite par le foudroiement, qui enregistre son dernier instant. Mais si elles devaient produire ces manifestations, ces prises le feraient par elles-mêmes. Ce sont des machines célibataires simplifiées à l’extrême. Le halo de fiction qui les entoure, d’ailleurs comparable à celui qui entoure les Tempi Doppi, participe de ce fonctionnement, où le circuit fermé et l’auto-alimentation énergétique témoignent d’un désir d’autonomie. Mais peut-être le sont-elles encore, dans ce que le foudroiement et la pétrification doivent au désir lui-s même, lorsqu’il est porté à ses plus hauts degrés d’intensité. |
Tatiana Trouvé est née en 1968 à Cosenza ; elle vit à Paris. |
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