Vue partielle de l'exposition |
Tatiana Trouvé, The Longest Echo — L’Écho le plus long in cycle Des histoires sans fin, séquence été 2014 |
I Tempi doppi On pourra insister, avec I Tempi doppi, sur un nouage récurrent dans les œuvres de Tatiana Trouvé. Dans les relations d’un énoncé (I Tempi doppi) et d’une forme (une ampoule électrique allumée, reliée par un fil conducteur à une autre, éteinte), se libèrent les conditions d’une expérience esthétique selon une double portée, où une proposition matérielle vaut à la fois en tant qu’idée et en tant qu’image. Dans l’intervalle ouvert par ces écarts, se libère un espace pour la pensée à travers un phénomène d’écho, au sein duquel la réflexion d’une idée s’effectue sur un obstacle qui la répercute. Pris dans ce dispositif poétique, il revient au spectateur de faire résonner le sens. Les temps sont doubles. Le présent est double, il a même deux faces qui coexistent simultanément, suggère Tatiana Trouvé avec I Tempi doppi. Une lampe allumée est toujours reliée, selon cette hypothèse, à une lampe éteinte. La formule est connue : le présent est du passé qui passe. Mais que se passe-t-il de plus dans ce passage d’un point à un autre ? Pour répondre à cette interrogation, il faut aussi envisager la réciprocité de cette proposition première, qui veut que le passé soit constitué d’un présent qui passe. Les temps sont doubles car ils fonctionnent en double sens. Et aucune de ces deux ampoules ne symbolise un temps plus qu’un autre, car selon l’équation posée par cette œuvre, le passé et le présent s’alimentent réciproquement par l’entretien d’une singulière relation qui veut qu’ils s s’éteignent ainsi l’un l’autre. On comprend pourquoi l’artiste convoque, à propos de I Tempi doppi, le phénomène de la paramnésie ou du déjà-vu, où suite à un problème de transmission de l’information, l’arrêt furtif du fonctionnement de la mémoire cause un brouillage entre le passé et le présent. |
Tatiana Trouvé est née en 1968 à Cosenza ; elle vit à Paris. |
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