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  Marcia Hafif 

expositions temporaires
Photographies  
Les Années romaines  
Italian Paintings, 1961-1969  
Peintures, 1962-1968  

Vues partielles de l'exposition
    
129, octobre 1966
acrylique sur toile ; 200 x 200 cm
coll. de l'artiste ; dépôt Mamco
133, janvier 1967
acrylique sur toile ; 200 x 200 cm
coll. de l'artiste ; dépôt Mamco



Marcia Hafif, Peintures, 1962-1968

in cycle Patchwork in Progress 5
du 24 février 1999 au 23 mai 1999


L'œuvre de Marcia Hafif participe d'un mouvement qui apparaît dans les années quatre-vingt et qui s'est propagé sous diverses appellations : 'Radical Painting', 'Analytical Painting', 'Fundamental Painting'. Toutes font référence à un type de peinture abstraite, auto-référentielle et généralement monochrome du fait qu'elle consiste en l'application d'une couleur sur une surface.

L'œuvre de M. Hafif est d'emblée liée à l'abstraction. Au cours des années soixante, marquées par un long séjour en Italie (1961-1969), elle évolue vers le 'Hard Edge' : les formes se découpent nettement dans le champ pictural et rendent difficile la distinction forme / fond. La même période voit se multiplier des gestes et des attitudes (Fluxus, art conceptuel, 'Process art', etc.) qui prédisent la fin de la peinture et, à son retour aux États-Unis, M. Hafif cesse momentanément de peindre. Elle explore différents médiums, tels la photographie et l'environnement sonore, et elle réalise des structures qui présentent des analogies directes avec la peinture, à la manière de celles que produisent à la même époque certains artistes de Support(s) / Surface(s). En 1971, elle quitte la Californie pour New York et se retrouve dans un milieu nettement plus favorable à la peinture. C'est dans ce contexte que se concrétisent en 1972 les premières recherches auxquelles elle va donner le titre générique d'« inventaire ». À partir de questions simples et pragmatiques – « Que se passerait-il si je cessais de relier les couleurs les unes aux autres ? Que se passerait-il si je ne juxtaposais pas deux couleurs ? Que se passerait-il si je n'en utilisais qu'une ? » – M. Hafif développe une approche analytique et surtout systématique qui a pour but de faire ressortir l'« acte de peindre » : soit essentiellement le travail de la couleur, le choix de la technique et du support. Elle procède par séries de façon à pouvoir épuiser les facteurs mis en jeu et à rendre le spectateur attentif à la complexité du travail pictural. Ainsi, la troisième série de l'« inventaire » (« The Gray Serie », 1972-73) cherche à multiplier des tons de gris jusqu'à ce qu'il ne soit plus possible d'en produire de différents. M. Hafif réalise cent sept toiles de format identique en ne variant que la proportion de blanc et de noir. Par la suite, elle développe des séries qui mettent en évidence le travail de pigments purs mélangés à de l'huile (« Oil Studies », à partir de 1973), saisis dans le médium (« Mass Tone Paintings », à partir de 1973), ou très diffus (« Glaze Paintings », 1995). Elle explore également la spécificité de l'aquarelle (« Watercolors », 1974), et de la tempera sur bois (« Tempera », 1974). Se rendant compte que le monochrome pose un problème de composition au sens où il est difficile d'en fixer les limites et d'éviter qu'il n'entre en relation avec le mur, elle propose à partir de 1975 des « Wall Paintings » réalisées 'in situ' (« Ultra Marine Blue », Galerie Sonnabend, New York, 1975). Certaines peintures plus récentes font référence à des ambiances chromatiques à l'exemple des « French Paintings » inspirées par les couleurs de l'architecture lyonnaise (à partir de 1988). M. Hafif, qui a aussi une activité théorique importante, replace elle-même son travail dans une perspective historique qui remonte à Rodchenko et à l'origine du monochrome. Une histoire dont elle ne partage pas que les enjeux formels puisqu'elle plaide aussi pour l'anonymat de l'activité artistique.

Les tableaux présentés dans l'exposition datent de la « préhistoire » de cette évolution vers le monochrome. Tous ont été réalisés pendant son séjour en Italie (1961-1969), à un moment où M. Hafif dit de sa peinture qu'elle « devenait plus plate et plus 'Hard Edge' ». Leur répertoire formel très varié peut faire référence au jeu, évoquer des fragments de corps ou de paysages tels que des collines, mais aussi jouer sur la notion de portique ou de grille. Leurs couleurs, toujours selon M. Hafif, répondent à celles des publicités de l'époque, et particulièrement à celles des panneaux qui bordaient alors les routes italiennes.


Marcia Hafif est née en 1929 à Pomona en Californie ; elle vit à New York.
www.marciahafif.com