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  Alain Séchas 

expositions temporaires
Marouflette   
Trivial Pursuit   

Vues partielles de l'exposition

Martien Hamburger, 2001
polyester et acrylique ; 60 x 80 x 80 cm
coll. Mamco



Alain Séchas, Trivial Pursuit

in cycle Rien ne presse / Slow and Steady / Festina lente, premier épisode
Jokes  /  du 23 mai 2002 au 22 septembre 2002

Depuis ses débuts en 1984 dans une usine à Hagondange (Lorraine), Alain Séchas s’emploie à restaurer un rapport immédiat, c’est-à-dire ne requérant pour s’établir aucune médiation culturelle, avec le public de ses expositions. Au nombre des moyens mis en œuvre pour y parvenir, on comptera le dessin, comme médium privilégié, ainsi que le chat et le martien, comme figures récurrentes.

Ainsi depuis 1996, date de la première occurrence du chat dans son travail, A. Séchas a-t-il homogénéisé sa production par le réemploi systématique de ces deux figures familières, élues comme équivalents anthropologiques pour leur capacité à susciter l’adhésion du plus grand nombre. Le choix du dessin comme médium privilégié (la sculpture étant chez lui assujettie au dessin comme un vitrail ou un vêtement l’est à son patron) trouve là aussi une première justification. Si 1996 marque ainsi l’accession du travail à sa pleine maturité, c’est qu’en fixant son esthétique, ces décisions relatives aux moyens de son art ont permis à l’artiste de se concentrer uniquement sur le déploiement d’une idée du monde assez sombre, où l’humour n’est bien souvent que la face risible du négatif.

« Trivial Pursuit » permet de vérifier la permanence de cette stratégie. Tout en constituant l’occasion de prendre acte d’une légère inflexion dans les thématiques : ce que A. Séchas appelle la « débandade » ayant remplacé la mort comme expérience emblématique du négatif. La dernière salle en suivant le sens de la visite, les seuls guides habilités étant ici les statues mobiles des « Somnambules », est à elle seule un compendium de toutes ses obsessions. Si « Le Petit Serpent » n’offre que l’évocation d’un temps où le métier de l’art pouvait ne consister qu’à couler de jolis bronzes, « Mr. Mazout » offre quant à lui une allégorie de la condition humaine selon Séchas, sous les espèces aussi tragi-comiques qu’inhabituelles d’un chat mazouté. Déconfit par ce qui vient de lui arriver, atteint dans sa dignité d’être pensant, ce chat terriblement humain, fait l’expérience douloureuse de sa vulnérabilité face aux caprices de la nature. Aux murs, une série de dessins (originellement des 'post it' de 5 cm2) agrandis par projection sur toile et montés sur châssis, présentent le motif d’une féminité triomphante, dénotant une fantasmatique assez répandue où la femme est vue comme toujours potentiellement castratrice.

Si le motif sexuel insiste dans le travail d’A. Séchas (« Le Martien joyeux ») c’est qu’il est le lieu privilégié d’enjeux de pouvoir et de performance entre l’homme et la femme (le désir homosexuel n’existe ici que sur le mode de la dénégation virile…). Cette question du rapport des sexes trouve dans « Trivial Pursuit » un dénouement inattendu avec le « Monument pour Jacques Lacan », géniale illustration de la thèse lacanienne sur l’absence de rapport sexuel. Mais il ne suffit pas qu’un rapport soit impossible ou absent pour le rendre indésirable, ceci valant aussi bien pour le rapport immédiat de l’artiste avec son public. En atteste le troisième somnambule. Figure de l’artiste en machine désirante, celui-ci déambule bien éveillé, propulsé uniquement par sa libido. C’est que dans un monde où tout va à la débandade, l’artiste qui n’a pas renoncé à voir son art produire des effets dans le réel n’a d’autre choix que de s’assigner la tâche impossible de redonner à son public la force de désirer.


Alain Séchas est né en 1955 à Colombes, il vit à Paris
www.alainsechas.com