The Passage of a train through a house in Marfa, 2015 |
Katharina Hohmann et Frank Westermeyer, The Passage of a train through a house in Marfa in cycle Des histoires sans fin, séquence printemps 2015 |
Le train fait partie de l’histoire des États-Unis, de la conquête de l’Ouest. Nous avons tous en mémoire, dans un western, l’image d’un train, sifflant en lâchant un nuage de fumée en arrivant dans une gare tout juste construite pour accueillir les premiers colons… Depuis, les passagers ont largement déserté ce moyen de transport laissant les rails aux trains de marchandises dont la longueur est sidérante (1830 m à 2440 m). En résidence à Marfa au Texas, Katharina Hohmann et Frank Westermeyer voyaient ces trains passer et les entendaient rythmer la journée et la nuit. Marfa, petite ville à l’Ouest du Texas, fondée en plein désert à la fin 19e siècle, autour de l'eau, porte le prénom d'une femme dans le roman de Dostoïevski, Les Frères Karamasov. En déclin depuis la fermeture de son camp militaire à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, cette petite ville est devenue mythique à plus d’un titre, en particulier pour les amateurs d’art, grâce à la transformation des baraquements militaires par Don Judd en son « musée rêvé ». Aux portes du Mexique dont elle est séparée par le Rio Grande, la ville a été connectée au chemin de fer qui longe la frontière et se dirige vers New Orleans. Ce train a apporté une certaine prospérité à Marfa pendant presque un siècle, mais désormais, il ne s'arrête plus, il passe… Huit fois par jour, les interminables trains de marchandises traversent, à grand fracas, la ville d’est en ouest. Ces passages de trains auxquels on n’échappe pas, K. Hohmann et F. Westermeyer ont décidé d’en faire l’objet d’un travail vidéo. Ils ont trouvé une maison blanche, type maison-témoin, très prototype « American dream house » dont le bois blanc est, en réalité, du plastique préfabriqué. Presqu’un Playmobil ! Proche du centre de Marfa, donnant vers les prés, les Antelope Hills. Et, juste en face de la maison : les rails du train dont elle n’est séparée que par une rue. Ayant acheté des miroirs à Alpine, la ville proche de Marfa, les vidéastes ont remplacé les fenêtres par les miroirs. La maison est devenue sculpture, aplatie sur sa façade sur laquelle les miroirs jouent le lieu d’une scène traversée par les trains qui passent, sans jamais s’arrêter. |
Katharina Hohmann est née en 1964 à Sorengo (Tessin) ; elle vit entre Berlin et Genève. Frank Westermeyer est né en 1971 à Essen ; il vit entre Berlin et Genève. |