MAMCO CURRENT WEBSITE
2_1 MAMCO 2_1 AGENDA PRESSE CHRONIQUES MISCELLANEES RADIO FILMS
4_1 EXPOSITIONS COLLECTIONS ARTISTES PUBLIC EDITIONS MUSEE INFORMATIONS

 

COLLECTIONS_PRESENTATION COLLECTIONS_ARCHIVES
A B C D E F G H i J K L M N O P q R S T u V W x y Z
    
Vues partielles de l’exposition
 
 








Stroll on !

Aspects de l’art abstrait britannique des années soixante (1959-1966)
Derek Boshier, Bernard Cohen, Robyn Denny, Michael Kidner, Phillip King, Gerald Laing,Bridget Riley, Ralph Rumney, Peter Sedgley, Richard Smith et William Tucker


in cycle Mille et trois plateaux, quatrième épisode
Connexions  /  du 25 octobre 2005 au 15 janvier 2006


On connaît la vitalité de la musique et de la mode britanniques des années 1960 ; on sait moins que la même vitalité s’est manifestée alors dans les arts visuels. Dès 1959, quelques jeunes peintres et sculpteurs s’inspirent de ce qui se fait aux États-Unis pour proposer rapidement des formes et des rapports au monde tout à fait originaux, anticipant une démarche que suivront un peu plus tard les musiciens – celle qui, en 1966, conduit les Yardbirds à transformer profondément un vieux standard américain de rhythm & blues pour créer « Stroll On ! ».

Des artistes à peine sortis d’école s’enthousiasment pour le monde urbain dans lequel ils vivent. Ils veulent intégrer à leur pratique les signes qui peuplent leur environnement visuel et donner à leurs œuvres un dynamisme au moins équivalent à celui de l’agitation qui les enthousiasme, celle du rock and roll, des romans de science-fiction et des magazines illustrés. Profondément optimistes (l’heure n’est guère encore à la contestation politique), ils s’attachent à la fois à célébrer ce monde, à tirer les fruits des tendances artistiques les plus novatrices (en particulier l’abstraction américaine récente) et à inventer un nouvel art britannique. Certains d’entre eux font le choix de la reproduction de l’environnement (ce qu’on appellera 'Pop art'). D’autres considèrent que l’abstraction est une voie plus riche. Alors que ce mode s’était essentiellement défini jusque là contre le réel quotidien, il n’y a pas d’opposition entre ces pratiques abstraites et le rapport aux images, mais une solution de continuité plus ou moins explicite, au sein de ce que le critique d’art Lawrence Alloway définit alors comme un « continuum entre les beaux-arts et les arts populaires ».

Les tableaux de Richard Smith trouvent leurs motifs dans les logos de l’espace public ; ceux de Robyn Denny, géométriques et épurés, sont le résultat d’une fréquentation assidue du cinémascope et de la rue, en même temps que d’une compréhension intuitive du fait que ses œuvres doivent s’adresser à des personnes actives et non plus à des spectateurs passifs ; quant à Ralph Rumney, issu de l’Internationale Situationniste, les formes abstraites de ses grands panneaux lui servent à reconfigurer l’environnement. Bernard Cohen fait subir au spectateur une multiplication des points de focalisation pour cartographier des promenades imaginaires et visuelles. Les sculpteurs Phillip King et William Tucker jouent également d’une abstraction iconographique et ludique, guidant les déplacements de ceux qui les observent dans un monde vivement coloré. La vigueur de ces pratiques abstraites est suffisamment forte pour que, vers 1964, deux artistes issus du 'Pop art', Derek Boshier et Gerald Laing, se mettent à réaliser des œuvres où ils ne gardent que le dispositif de présentation de leurs œuvres figuratives antérieures, sans les objets. Il y a chez tous ces artistes une volonté d’aller chercher les spectateurs là où ils se trouvent et de les conduire à des déplacements plus ou moins violents. Cette volonté trouvera son aboutissement dans les tableaux noir et blanc aux effets optiques envoûtants de Bridget Riley ainsi que dans les disques motorisés fluorescents de Peter Sedgley, prémices d’un nouvel âge psychédélique moins ancré dans le monde réel.

Éric de Chassey