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  Marnie Weber 

exposition temporaire
Once Upon a Time in Forevermore  

Marnie Weber 1
Marnie Weber 2
Marnie Weber 3
Marnie Weber 4

The Campfire Song
(vidéo de 2008 et installation de 2009),
court. : Simon Lee Gallery, Londres.

Vue partielle de l’exposition
Once Upon a Time in Forevermore, Mamco, 2016,
court. : Bernier/Eliades Gallery, Athènes.

Au premier plan :
Spirit Girls on Bearskin Rug (with Balloon), 2008,
court. : Galerie Praz-Delavallade, Paris.

Au premier plan :
The Truth Speakers, 2009,
court. : Simon Lee Gallery, Londres ;
au second plan :
The Sea of Silence (image still), 2009,
court. : l’artiste.

Photos : Annik Wetter — Mamco, Genève.



Marnie Weber,
Once Upon a Time in Forevermore

in cycle Des histoires sans fin, dernière séquence
du 24 février au 1er mai 2016


Depuis le milieu des années 1980, l’artiste Marnie  Weber a investi les territoires de la musique, de la performance, du film, ainsi que ceux de l’installation, du collage et de la sculpture. Chacune de ces pratiques déborde dans les autres : les costumes deviennent des sculptures, les collages illustrent les couvertures de disques, la musique devient bande originale des films et les décors des fictions se matérialisent dans les installations. Il faut alors envisager ses expositions sur le mode de l’œuvre d’art totale, comme une seule installation immersive qui mélange les régimes de représentation.


Cette porosité des pratiques est au service d’un univers poétique singulier. Comme le suggère le titre de l’exposition du Mamco — la plus importante réalisée à ce jour — nous sommes dans le domaine du conte. À la manière d’Alice descendant au pays des merveilles ou, pour prendre un exemple plus spécifiquement américain, Dorothy s’envolant vers le pays d’Oz, nous pénétrons ici dans une sorte de monde parallèle  dont les lois sont dictées par les extravagances de l’inconscient.

Réalisé pour l’exposition, nous pouvons notamment signaler le décor très épuré d’un western — avec sa grange, son saloon, sa prison — réduit à quelques façades de fête foraine ; aux alentours, les cowboys ont été remplacés par des clowns, des animaux, des poupées ventriloques ou encore des épouvantails. Un « freak-show » tout droit sorti du folklore américain, mélange d’Halloween, de spiritisme et de cirque Barnum. La présence incongrue de ces personnages dans la conquête de l’Ouest est typique de la recherche de l’artiste : un télescopage surréaliste qui introduit l’étrange dans le familier. Mais c’est dans le même temps une étrangeté qui exhibe ses bricolages, ses effets, son maquillage. Il faut comprendre le dépouillement des décors moins comme un parti-pris  esthétique radical  que comme la manifestation matérielle des « moyens du bord ». « J’aime beaucoup parvenir à ce mélange de malaise et de comique » expliquait l’artiste dans un entretien avec Mike Kelley avec qui elle partageait cette économie esthétique. Les décors rapiécés et instables sont nombreux dans les films de l’exposition, du paysage apocalyptique de Salton Sea, ce lac asséché en fond du film Destiny and Blow Up Friends, au Zorthian Ranch, village punk et bariolé, qui accueille le premier long métrage de l’artiste The Day of Forevermore. C’est encore la forêt, « métaphore du fait de se perdre », qui apparaît à maintes reprises, dans la nuit ou sous la neige. Sur l’écran et en dehors, les personnages sont récurrents. Parmi eux, les Spirit Girls, un groupe de musique entièrement féminin dont tous les membres auraient mystérieusement disparu dans les années 1970 ; d’une salle à l’autre, elles hantent les collages, les films, la musique et les poupées ventriloques.

Disposés sur l’ensemble du deuxième étage, les collages de Marnie Weber semblent la matrice des films et des installations. Jouant sur les échelles, l’artiste y dispose ses personnages sur des fonds aux couleurs outrancières et de petites maquettes. Un ensemble de 366 collages, intitulé The Diary Project permet de rendre compte d’une collection d’images archivées depuis trente ans. Un collage pour chaque jour, qui permet de faire part des humeurs tristes ou enjouées d’une année. On retrouve dans cet ensemble une partie de ses premiers travaux, lorsque l’artiste s’emparait des images de nus féminins dans des magazines qualifiés de porno-soft, pour, selon ses mots, « sauver les femmes nues de la vie qu’elles avaient dans les magazines masculins. »

On l’aura compris, le monde enchanté de M. Weber est bien plus grinçant qu’il n’y paraît. À la surface des signes et des images ressurgissent les refoulés de la culture américaine. M. Weber appartient en effet à une génération d’artistes californiens qui, au pays d’Hollywood, de Walt Disney et des sectes de tous genres, n’a cessé de vouloir pervertir les fantasmes et l’idéologie qui les soutient avec beaucoup d’humour et de pathos.


Marnie Weber est née 1959 à Bridgeport, États-Unis ; elle vit à Los Angeles.