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  Marijke van Warmerdam

exposition temporaire
Light  

van Warmerdam

Light, 2010
court. Annet Gelink Gallery, Amsterdam et
Galleri Riis, Oslo, avec le soutien du
Mondriaan Fund



Marijke van Warmerdam, Light

in cycle Des histoires sans fin, séquence printemps 2014
du 12 février 2014 au 18 mai 2014


Toujours en silence, les films de Marijke van Warmerdam répètent une boucle infinie. Rien ne se passe, ou presque. Un avion décolle, un cycliste lâche son guidon, un chapeau flotte au vent, une femme sèche ses longs cheveux. Ce pourrait être la poésie du quotidien, la douce insistance des beautés négligées ou minuscules ; et c’est d’ailleurs aussi cela. Mais comme souvent, plus le résultat est simple ou dépouillé, plus son champ d’évocation est vaste et dense.


Light, produit en 2010, est une boucle filmique d’une minute trente. Une main joue avec les lamelles d’un store, les fait frémir en glissant du doigt, les malmène pour laisser une lumière vive le traverser  fugacement. Comme toujours dans le travail de M. van Warmerdam, c’est une narration minimale, elle ne se déploie en aucun récit, contredisant ainsi l’une des spécificités les plus fondamentales du médium filmique. Or c’est précisément parce que, pour reprendre  ses mots, « le film n’est jamais statique et tend fortement à devenir une histoire » que l’artiste y cherche la tranquillité, voire l’immobilité du tableau.
Dans ce dialogue entre film et tableau apparaît le motif récurrent de la fenêtre. Celle-ci n’est jamais évoquée qu’indirectement : elle se discerne dans un reflet, est traversée par la caméra ou, ici, imaginée derrière le store. Imaginée au contraire de mise en image. Ce jeu de cache-cache, si l’on peut dire, répond dans cette séquence d’expositions à la stratégie de disparition de Philippe Thomas, qui a lui aussi utilisé le motif du store comme arrière-plan de son affiche Histoire de l’art cherche personnages… Il faut dire que l’utilisation artistique de cet objet est d’une délicate ironie puisqu’il sert précisément à masquer la fenêtre, paradigme métaphorique du tableau depuis Alberti. Marcel Duchamp ne faisait pas autre chose en noircissant de cuir les carreaux de Fresh Widow. M. van Warmerdam joue cette négation à l’envers puisque ce qui s’aperçoit derrière le store est une lumière d’une aveuglante blancheur. Le masque est paradoxalement ce qui permet de voir quelque chose ; il rime ainsi avec le principe de l’obturateur d’un appareil photo.
Par ailleurs, pour un artiste qui produit des films, le motif de la fenêtre derrière un store rappelle aussi immanquablement celle sur cour (ou, littéralement, à l’arrière) de Hitchcock (Rear Window). L’objectif mécanique, le point de vue immobile et subjectif, le jeu lancinant de l’ennui, la lumière éblouissante des flashs, tous ces éléments qui, chez Hitchcock, catalysent le récit, sont ici condensés en une boucle sans histoire. Light pourrait donc se regarder comme un film minimaliste hollandais. D’une manière analogue aux tableaux constructivistes de ses compatriotes, qui déconstruisaient la peinture en éléments fondamentaux pour les réagencer en-deçà de toute storia (pour rester dans le vocabulaire albertien), la boucle de M. van Warmerdam rejoue les moyens et les enjeux du film : l’ombre, la lumière et le regard caché. La seule histoire est celle du médium et de la main qui y sème le désordre.
Dans la séquence précédente du Mamco, le Studiolo accueillait la vidéo The Column d’Adrian Paci, résonance narrative de l’histoire de la sculpture traversée dans les autres expositions. Light prend sa suite et joue également en écho aux œuvres de Philippe Thomas ou de Christopher Williams pour désigner sans raconter le jeu d’artistes qui se cachent, que ce soit derrière une entité administrative ou une technologie de reproduction.


Marijke van Warmerdamest née en 1959 à Nieuwer-Amstel ; elle vit à Amsterdam.