Yan Pei-Ming
exposition temporaire |
Vues partielles de l'exposition Les 108 Brigands, 1994-1995 ensemble de 120 peintures ; huile sur toile ; 130 X 97 cm (chacune) coll. FNAC, Paris |
Yan Pei-Ming, French Collection in cycle Rien ne presse / Slow and Steady / Festina Lente, deuxième épisode |
Peintre de propagande sous le régime maoïste avant démigrer en France où il étudia à lÉcole des beaux-arts de Dijon, Ming réussit depuis maintenant vingt ans à se maintenir dans la position improbable dun artiste qui, tout en sétant parfaitement assimilé à la scène occidentale de lart contemporain, est resté en même temps irréductible aux seules catégories de cette scène. Ancien peintre officiel, Ming proportionne ainsi, à lintérieur du genre européen du portrait, ses tableaux aux dimensions de la peinture de propagande. On ne trouve en effet dans lhistoire de lart occidental, tout au moins jusquà la période contemporaine, aucun exemple de portrait où le visage occupant tout lespace dune toile de très grand format est traité comme un paysage. Mais Ming sexprime dans un idiome pictural ambivalent, susceptible dune double lecture selon quon lenvisage du point de vue de sa culture dorigine (son code-source) ou de sa culture dadoption (son code-cible). Ainsi la couche picturale tourmentée de ses tableaux par laquelle il rompt avec sa pratique de portraitiste officiel peut apparaître comme un stéréotype expressif au regard des audaces de la peinture moderne dOccident (De Kooning, Baselitz). Son geste participe pourtant dune autre théâtralité que celui de lexpressionnisme, puisquil peut prétendre soriginer aux plus anciennes sources de lesthétique chinoise. Daprès Christian Besson, il faut linterpréter comme une tentative pour refléter le souffle vital (le 'qì') conformément au premier principe pictural du Xiè Hè, peintre théoricien du Ve siècle. De même sa pratique obsessive de la série, son choix mortifiant de la monochromie, et toutes les contraintes horaires quil simpose, si elles évoquent inéluctablement pour un Occidental les pratiques programmatiques de certains artistes conceptuels, peuvent sinterpréter à la lumière des préceptes de lart de la guerre qui prescrivent aux combattants de partir dune situation (le 'shì') puis dessayer de composer avec elle. À linstar de ces guerriers chinois qui, voulant conquérir une île, coulèrent en arrivant leur propre bateau pour être obligés de combattre sans fuir. |
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