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  Gilles Mahé

exposition temporaire
L'Entreprise de l'art  

Gilles Mahé 1
Gilles Mahé 2

Vues partielles de l'exposition
Court. Frac Bretagne
Gilles Mahé, L'Entreprise de l'art

in cycle Des histoires sans fin, séquence été 2015
du 10 juin 2015 au 13 septembre 2015


En l’espace  de moins de trente ans, Gilles Mahé s’est livré à une entreprise artistique sans équivalent, fondée essentiellement sur une collecte d’images, commencée au début des années 1970, combinée à l’invention de nouvelles relations entre l’art et les gens. Par les images, personnelles ou trouvées, considérées  comme éléments de transaction, matières à discussion et interprétation, zones de concertation, G. Mahé s’est attelé, avec son élégance et son humour inimitables, aux plus grandes questions : la notion de chef-d’œuvre et la rémanence des images, la transmission, l’économie de l’art. Éclairé d’intuitions séminales, jouant d’une capacité sans égale à naviguer d’un monde à l’autre, à adapter au milieu artistique codes et usages empruntés tant à l’économie qu’à la communication, le parcours, jalonné d’œuvres à la fois modestes et profondes, reste mal connu et l’invitation du Mamco offre l’occasion  d’un regard attentif.


Gratuit : Il n’est sans doute pas anodin que parmi les premiers projets figurent deux revues, Gratuit (1979-1994) et Déjà vu (1981) pour un artiste venu, avec son épouse Michèle, du monde de la presse. Des États-Unis, il importe l’idée d’une revue gratuite ou, plus exactement, financée par les annonceurs. Ce qui l’intéresse au-delà de l’expérimentation d’un modèle économique inédit, ce sont les images, leur qualité propre, leur montage.

Extra Rapide/Vite Vraiment (1983) : Alors encore au début de l’aventure de Gratuit (en 1983, il en publie le n° 6), il utilise le procédé du scanachrome pour créer une œuvre qui intègre la « perte » de l’un de ses éléments. « Prises de vue uniques et directes réalisées au banc de reproduction […] d’éléments (photos, dessins, textes, photocopies…) collectés depuis près de 10 ans », les 170 images en couleur peuvent être remplacées par des photocopies noir et blanc en cas de vente.

Mémoire d’uneœuvre d’art (1991) : Peu après avoir travaillé avec un astrologue (360 images symboliques,  1988), Mahé imagine un projet qui lui donne un rôle quasi médiumnique. À son entourage, il propose : « Il vous revient souvent en mémoire l’image d’une œuvre d’art qui vous a particulièrement touché. Pouvez-vous me décrire cette œuvre telle que vous en gardez le souvenir ? ». À la réception des réponses, plus ou moins longues et précises, il entreprend lui-même la réalisation de l’œuvre décrite. S’ensuit un ensemble hétéroclite, qui éprouve à son tour la mémoire du spectateur, et constitue comme un petit musée de seconde main.

L’École intercommunale dedessin dubocage vitréen (1993-1996) et N.C.Q.D.A.G.Q.A.D. (1994-1996) : Deux projets menés dans les années 1990 vont déplacer le système interrelationnel mis en place précédemment, l’orienter sur les questions de pédagogie et exacerber le projet d’œuvre collective. Le premier prend corps lorsque Mahé est nommé directeur de l’école d’art de Vitré. Avec les enseignants, il met au point un protocole qui inclut le « teaching and learning » de Filliou mais aussi le projet d’exposition où sont mis en question les rôles de l’élève et de l’enseignant, la place de l’original et de la copie, l’articulation entre les pratiques amateurs et professionnelles. Cette expérience est mise à profit pour développer, avec la complicité de Jean-Philippe Lemée, une école par correspondance N.C.Q.D.A.G.Q.A.D. (Nous cherchons des gens qui aiment dessiner) qui proposera des recettes élaborées par les artistes les plus fameux (Julian Schnabel, la recette bonus) et son élève modèle (Rudy Ricciotti).

Prix Choc (1994-1995) : « Voici une affichette. Peux-tu (vous) avoir l’amabilité de la lacérer en 6 morceaux, puis l’adresser sous enveloppe à : Villeglé Secrétariat […] Merci / De Gilles Mahé à Jacques Villeglé. » Le hasard a mis Mahé en présence d’un stock d’affichettes portant en lettres noires les mots « PRIX CHOC » sur fond jaune. Cette trouvaille lui inspire une nouvelle règle du jeu qu’il diffuse à son réseau amical et professionnel. Au bout de la chaîne, Villeglé, décrit les déchirures qu’il reçoit par la poste. Typique du commerce de l’art selon l’artiste, le projet comprend plusieurs niveaux de lecture, associant « Yves le monochrome » à ces œuvres jugées « kleen », au concept développé par Villeglé de « lacéré anonyme » (la « contribution » des passants aux lacérations de l’affiche avant que l’artiste ne la prélève dans la rue) ; le clin d’œil à l’artiste ami avec qui il partage son patronyme et qui donnera son nom à l’exposition chez Gilbert Brownstone : « Opération Monochrome Mahé/Mahé », à la mémoire d’une de ses premières interventions.


Gilles Mahé est né en 1943 à Guingamp ; il est décédé en 1999 à Saint-Briac-sur-Mer.