Les vidéos de Kristin Lucas exposent les rapports quotidiens que lhomme entretient avec la machine. Elle met en place des fictions qui mêlent les images analogiques et numériques, et tente par ce biais de mettre en évidence les interactions qui existent entre lhomme et la machine, en particulier lordinateur, les jeux vidéo et les gadgets électroniques. De cette manière, elle tente de rendre apparentes les influences de la technologie digitale sur notre comportement et notre perception de lenvironnement.
Cette position est particulièrement manifeste dans « Cable Xcess » (1996) où K. Lucas attire lattention du spectateur sur les conséquences dune trop longue exposition au champ électromagnétique. Dans cette vidéo, son corps apparaît à la fois comme lobjet détude et comme lélément qui pirate le cours normal de la transmission. Prenant acte que le corps est avant tout une apparence extérieure, un instrument, K. Lucas conçoit logiquement son travail sur le mode de lautoreprésentation. Soumise à linterface des machines, elle devient donc elle-même un appareil, une sorte de périphérique de la machine. Dans un autre registre, la vidéo « Action » (1997) montre K. Lucas en train de procéder à un test de conduite à grande vitesse. Il ne sagit pas dune course en temps réel, mais bien dune simulation qui est immédiatement identifiée par le spectateur comme une expérience de la réalité virtuelle. Cette simulation lui permet de représenter métaphoriquement les autoroutes de linformation et de la communication.
Avec ces travaux, K. Lucas nous montre comment la technologie digitale privilégie avant tout le regard, et par conséquent la représentation. Elle nous montre aussi que linformatique porte en soi la multiplication des données et des systèmes, ce qui induit de la part de tout usager une procédure en accord avec les commandes et les options de la machine pour accomplir les tâches les plus rudimentaires. Le corps devenu alors une simple extension de la machine, saccorde avec le fonctionnement de celle-ci dans une double logique defficacité daction et déconomie de moyens.
Poursuivant dans cette logique, K. Lucas cherche avec la vidéo « Testing-Results » (2000) à rendre perceptible la croissance du champ électro-magnétique en relation avec la consommation de masse et la généralisation de la technologie digitale. Elle part du constat que, quotidiennement, elle traverse des champs de transmission magnétiques qui ne peuvent pas tous lui être connus mais qui, dune façon ou dune autre, ont une influence sur son comportement. Chacune de ces séquences constitue une situation-test dans laquelle K. Lucas agit, manipule et cherche les limites des interactions programmées avec les machines. Sur un total de six séquences, deux sont présentées en boucle sur les trois lecteurs vidéo reliés entre eux par un commutateur séquentiel. La fonction de ce dernier est de permuter limage dun lecteur à lautre au moyen dun signal ou dun son émis par la bande vidéo. Ainsi, grâce au commutateur séquentiel, K. Lucas laisse le soin à la machine de traiter et de présenter le résultat des tests quelle réalise, et rend volontairement impossible le contrôle total de la présentation de son travail.
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