Georges Lilanga est originaire des hauts plateaux Makonde, à la frontière entre la Tanzanie et le Mozambique. Cette région aride est le grand centre de la culture Makonde, réputée pour sa danse Mapico, liée aux rites d'initiation masculine et féminine, et pour son art de la sculpture. Cette dernière, de même que la danse Mapico, avec ses masques et ses costumes, véhicule une forte critique sociale et un sens aigu de la caricature. Les sculptures notamment expriment une vaste palette de sentiments allant de l'humour à l'angoisse. Initié très jeune à cette technique par sa famille, G. Lilanga commence en 1961 à Lindi, dans sa région natale, une carrière de sculpteur.
En 1972, il s'installe dans la capitale, Dar es Salaam, et participe l'année suivante à la création de la Nyumba ya Sanaa, une maison des arts où l'on enseigne le dessin, la gravure et la lithographie. Il apprend ces différentes techniques et, en 1980, sous l'influence de l'école Tingatinga, commence à produire des peintures d'animaux vivement colorées. Rapidement, il utilise ses connaissances de sculpteur dans sa peinture et y intègre tous les éléments de la culture Makonde.
Son œuvre est chargée de l'univers spirituel de sa communauté, notamment les danses Mapico, les « Shetanis » bons et mauvais esprits représentant les qualités et les défauts des hommes, les fêtes et les conflits sociaux et le symbolisme « Ujamaa », reflet de la solidarité humaine. Chacune de ses toiles est peuplée de personnages très expressifs qui semblent en mouvement perpétuel. Les titres des œuvres décrivent clairement ces tranches de vie et de tradition : « Maintenez de bonnes relations avec vos voisins et ils vous aideront quand vous avez des problèmes », ou bien « Ils célèbrent l'élection de leur Président pour un deuxième mandat », par exemple.
Le travail de G. Lilanga illustre la continuité artistique de la culture Makonde et son renouvellement dans le contexte actuel. G. Lilanga est l'un des protagonistes importants d'une révolution qui permet aujourd'hui à un artiste de fonctionner en tant qu'individu sensible à la création dans les arts plastiques, parmi les Makonde comme en Afrique en général.
André Magnin
(Traduction Roger Gaillard)
Éd. Abrams, New York, 1996 ; © Contemporary Art of Africa
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