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  Katinka Bock

exposition temporaire
40 Räuber  

Katinka Bock
Katinka Bock
Katinka Bock
Katinka Bock
Vue partielle de l'exposition
Cinq têtes, 2013
Orangerie et Annelo, 2013
Personne, April, 2013
Courtesy Meyer Riegger, Berlin/
Karlsruhe et Jocelyn Wolff, Paris




Katinka Bock, 40 Räuber

in cycle Des histoires sans fin, séquence automne-hiver 2013-2014
du 16 octobre 2013 au 12 janvier 2014


Depuis 2003, Katinka Bock  explore  à travers installations, sculptures  et vidéos, ce qu’elle nomme « l’être ensemble ». Il ne s’agit pas ici, pour paraphraser Hobbes, de s’interroger sur l’individu à l’état de nature, mais bien sur les matériaux pris individuellement et sur leur coexistence. Les matériaux premiers de cette œuvre qui ne cesse de retourner l’espace,  de le dépouiller pour le remplir à nouveau, sont souvent utilisés pour ce qu’ils sont et non pour leur symbolique (un citron est un citron et non un soleil).


Pour sa première exposition au Mamco, K. Bock envisage le Plateau des sculptures comme un tableau de paysage. « Le paysage, dit-elle, n’est pas la nature mais toujours un point de vue sur la nature. » Elle veut offrir au regardeur une vision d’ensemble pour lui permettre ensuite de se perdre dans les détails. Le Plateau des sculptures évoque pour elle une place publique sur laquelle chaque élément est disposé très précisément. Le citoyen s’y promène. Si les œuvres sont souvent réalisées à l’aide de calculs, elles sont aussi comme des notes sur une portée musicale. Chaque note donne un son et offre une certaine tonalité. Il suffit d’une accélération ou d’un tempo régulier pour que le regardeur puisse composer sa propre musique, comme il formulerait une phrase.

Shifting est un exemple significatif de l’intérêt accordé par l’artiste au travail du temps qui modifie l’œuvre. Observées dans une assiette, des gousses d’ail, aux formes unies par leur peau mais distinctes les unes des autres du fait de la taille de leurs bulbes, donnent à K. Bock l’idée de réaliser Trio (2003), une sculpture  en terre noire de 20 cm de hauteur. En 2009, la même sculpture agrandie  est laissée à l’extérieur pendant quelques mois, puis cuite et exposée à nouveau à l’air libre dans des conditions extrêmes de froid. En 2011, l’artiste fabrique un socle provisoire en sable pour cette pièce qui menace de s’effondrer. Ce n’est qu’en 2013 que l’œuvre sera restaurée. Cette restauration lui donne son aspect final, il rappelle cette technique séculaire et raffinée, utilisée au Japon, qui permet de donner une seconde vie à des objets uniques et précieux.
Carreaux, carrelage,  tomette, tapis, l’on pourrait égréner tous les types de surfaces auxquels l’artiste s’est déjà confrontée. Pour le Mamco, elle s’est intéressée aux pierres de construction des immeubles voisins dont la plupart sont réalisés en pierre de molasse, un grès à ciment de calcaire argileux, parfois de couleur verte, matériau accessible et ancestral à Genève. Pour réaliser  One Meter Sculptures elle a demandé à plusieurs personnes de mesurer un mètre à l’aide d’une cordelette, cette distance étant alors reportée sur une pierre taillée. Les résultats de ces mesures sont étonnants car un mètre ne semble pas être une longueur équivalente pour tout le monde. Dans ses entretiens avec Pierre Cabanne en 1967, Marcel Duchamp avance : « Mes trois stoppages-étalon sont donnés par trois expériences, et la forme est un peu différente pour chacune. Je garde la ligne et j’ai un mètre déformé. C’est un mètre en conserve, si vous voulez, c’est du hasard en conserve. » Ce qui s’est passé pour Duchamp avec ses stoppages, c’est-à-dire la visualisation du caractère aléatoire d’une mesure réputée universelle, se vérifie ici aussi, mais d’une autre manière.
Chaque production due au hasard est une étape dans les recherches de l’artiste. Le résultat de ce hasard confèreà l’œuvre une certaine humanité la rendant fragile et sensible, telle Orangerie, conçue comme par défaut parce que creuser le sol du musée n’était pas possible. C’est ainsi qu’est née cette sculpture en terre cuite dont les parois ont été repliées, laissant une petite ouverture en son sommet. Elle abrite une graine de haricot qui va pousser durant toute la durée de l’exposition. Cette semence contient la légende du haricot magique. La plante géante de ce conte est comme une échelle magique qui relie le monde terrestre au monde céleste. Cette liaison ciel-terre, deux horizons reliés par la verticale que nous représentons, nous les hommes, est fondamentale dans le travail  de K. Bock. Dans cette exposition, tout est lié et la cohérence qui s’en dégage puise tout autant dans les légendes que dans la réalité, dans ce qui existe que dans le contexte lui-même.


Katinka Bock est née à Francfort-sur-le-Main, Allemagne en 1976 ; elle vit à Paris et Berlin.