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  Tatiana Trouvé

exposition temporaire
The Longest Echo — L’Écho le plus long  
    Dessins
    350 Points à l'infini
    Fantômes
    I Cento Titoli
    I Tempi doppi
    Les Indéfinis
    Les Refoldings
    Polders
    Prepared Space
    Sans Titre (Plug)
    The Guardian

Tatiana Trouve 1
Tatiana Trouve 2
Vues partielles de l'exposition
Tatiana Trouvé,
The Longest Echo — L’Écho le plus long

in cycle Des histoires sans fin, séquence été 2014
du 25 juin 2014 au 21 septembre 2014



350 Points à l'infini

350 points à l’infini est composée de 350 fils à plomb dotés de poids qui, tous, pointent des directions différentes, comme saisis par la densité de multiples champs magnétiques.


Au premier abord, ces centaines de fils à plomb semblent bien nous indiquer une direction en pointant, en dessous de nous, la terre. Leurs trajectoires obliques manifesteraient alors une perturbation sensible des lois de l’attraction, un dérèglement qui ne trouverait aucune explication précise, et que d’aucuns pourraient toujours lire comme un signe, voire comme une métaphore à l’échelle de la terre ou du monde, dès lors perturbés. Plus raisonnable serait de constater, dans la densité de ses attractions et dans leurs déviations multiples, les possibilités d’une pluralité de mondes, condensée sur une petite surface. En serait-on pourtant quitte avec cet infini, que le titre de cette œuvre assigne à ces 350 points ? Rien n’est moins certain.
Il faut, pour se saisir de la portée « à l’infini » de ces « 350 points », en passer par une sorte d’inversion du regard et faire comme si le ciel venait s’inscrire sur la terre. Selon cette hypothèse, l’infini de ces fils à plomb pointerait vers le haut, non vers le bas, et le sol deviendrait une sorte de carte du ciel. Ce monde renversé à la faveur d’une équivalence entre ciel et terre, nous ne l’éprouvons pas par le truchement d’un artifice optique : il faut inverser son point de vue. On pourra évoquer, à ce propos, une œuvre qui propose ce même type d’exercice au regard, le Socle du monde de Piero Manzoni (1961), parallélépipède rectangle de bronze posé sur le sol, sur lequel on peut lire, à l’envers : Socle du monde, hommage à Galilée.
Cette nécessité d’un déplacement du regard est induite par de nombreuses œuvres de Tatiana Trouvé, mise à l’épreuve par certains de ses dessins et de ses Polders, à travers le flottement des objets dans le vide ou, à l’inverse, dans l’arrêt qui frappe des objets fixés dans le mouvement de leurs chutes. Elle l’est encore dans des jeux de miroirs, de dédoublement et de fausses perspectives. Mais elle trouve ici sa formule la plus radicale, dans un renversement à 180 degrés, dans une désorientation complète, proche d’un vertige. Une fois produite cette rotation, on pourra bien remettre ses pieds sur terre et comprendre que ces fils à plomb ne nous engagent pas à aller chercher l’infini dans le lointain du cosmos, mais ici, et prendre la portée de ce changement de point de vue. L’infini est donc ici-bas. Peut-être, même, retenu dans ces quelques millimètres qui séparent les plombs du sol, dans cet infinitésimal que Marcel Duchamp appelait inframince.



Tatiana Trouvé est née en 1968 à Cosenza ; elle vit à Paris.