MAMCO CURRENT WEBSITE
2_1 MAMCO 2_1 AGENDA PRESSE CHRONIQUES MISCELLANEES RADIO FILMS
4_1 EXPOSITIONS COLLECTIONS ARTISTES PUBLIC EDITIONS MUSEE INFORMATIONS

 

COLLECTIONS_PRESENTATION COLLECTIONS_ARCHIVES
A B C D E F G H i J K L M N O P q R S T u V W x y Z
    
  Franck Scurti 

exposition temporaire
The Brown Concept & Nouvelles lumières de
nulle part
   

Franck_Scurti_1
Franck_Scurti_2
Franck_Scurti_3
Franck_Scurti_4

Snake Skin Map III, 2010

Vues partielles de l'exposition




Franck Scurti,
The Brown Concept & Nouvelles lumières de nulle part

in cycle Des histoires sans fin, séquence printemps 2014
du 12 février 2014 au 18 mai 2014


Depuis le début des années 1990, Franck Scurti est guidé par le souci récurrent de déplacer la signification et la morphologie habituelles des formes. Pour sa première exposition au Mamco, il a conçu, dans deux salles du troisième étage, un ensemble en deux parties consistant en une suite d’œuvres dont la majorité a été élaborée durant les deux dernières années et qui se présente comme une collection à l’intérieur de la collection du musée.


The Brown Concept et Nouvelles lumières de nulle part se composent d’une trentaine de pièces liées les unes aux autres par des associations formelles, processuelles ou conceptuelles. La plupart sont inédites, certaines ont été produites pour l’exposition. Le point de départ de cette constellation est le regard porté par l’artiste sur le monde matériel, sur les objets qu’il côtoie et qui lui fournissent la matière d’une création continue. Ainsi, nombre de pièces ont-elles pour point de départ des déchets abandonnés dans la rue que F. Scurti repère  et dont il se saisit sur le chemin qui le conduit chaque jour de son appartement à son atelier. C’est donc au fil d’une fréquentation poétique du quotidien que les associations d’idées se transforment en allégories. L’analogie joue ici un rôle moteur : le rapprochement entre la réplication de l’ADN et une fermeture à glissière, par laquelle les scientifiques vulgarisent cette opération, se transforme dans une autre pièce en champignon atomique (Replication, Gorgone), lequel devient plus tard un arbre généalogique aux filiations vides (Family Tree). La distorsion des références, qui conduit l’artiste à travailler avec certaines des figures de l’histoire de l’art (Munch, Van Gogh, Manzoni, Marcel Broodthaers), ancre ce travail dans une archéologie de la modernité artistique mais aussi dans les systèmes de valeurs qui la structurent, véritables embrayeurs culturels pour l’invention de formes. La présence dans le titre donné à l’une des deux salles du mot Brown — The Brown Concept — n’est d’ailleurs pas innocente : elle souligne la couleur dominante de certaines de ces pièces, qui renvoie au déchet, au déclassement, tout en évoquant aussi Robert Brown, ce botaniste anglais qui, au XIXe siècle, a découvert que toutes les particules de matière étaient animées d’un mouvement incessant qualifié depuis de brownien. L’instabilité matérielle est la règle. C’est cette « agitation » qu’illustre aussi cette collection d’œuvres dans la collection, véritable traversée des (fausses) apparences et de leur pouvoir de suggestion, de déstabilisation des évidences. La deuxième salle intitulée : Nouvelles lumières de nulle part, rassemble des œuvres qui jouent sur l’ambivalence entre le traité d’optique et le symbolisme et sont liées à l’apparition de la lumière. La décomposition du spectre lumineux s’incarne ici dans des objets et des matières les plus divers : fenêtre, porte, chaise, tiroir, taches de café. Ils forment un récit d’atelier laconique dans lequel l’analogie entre l’or et le soleil vaut comme point d’origine mais aussi comme finalité d’une histoire.
F. Scurti laisse les choses ouvertes, ce qui implique que chacun participe à la construction du sens, qu’il fait, jusqu’à un certain point, partie de l’œuvre. Parmi les motifs plusieurs fois présents dans ces deux salles, celui de la grille occupe une place de choix. Il s’agit là d’une référence manifeste à une forme majeure de l’histoire de l’art occidental, depuis Mondrian et sa structuration en grille de la toile jusqu’à aujourd’hui.  F. Scurti la traite avec beaucoup d’espièglerie. Dans Le Cri — référence à Munch —, c’est un cadre en bois qui délimite une grille en acier à la fois gestuelle et rectiligne.  Dans Off the Grid, de la feuille d’or déposée sur du fer magnifie une grille bricolée traversée par une ligne incurvée en peau de serpent (une matière présente à plusieurs reprises dans l’exposition). Dans Apparition, c’est une assise de chaise — une grille en tissu tendu — qui devient une œuvre au modernisme imparable. Enfin, Sunshine propose une fenêtre — thème majeur de la peinture occidentale dont Alberti a fait au XVe siècle un synonyme du tableau — recouverte d’une grille métallique peinte : peinture sur peinture donc, ou tableau sur tableau. Tout est ainsi soumis à une manière de prise de forme continuelle, à une insistante transformation morphologique.
Jeux de réminiscences, de retours et d’itérations, c’est par conséquent aussi un véritable principe de circulation qui structure le travail de F. Scurti.


Franck Scurti est né en 1965 à Lyon ; il vit à Paris.