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  Denis Savary 

expositions temporaires
Neige de Printemps  
Saint Martin, 2006  
Mine de rien  

présentation des collections / archives
Modèles modèles 2   

Denis Savary 1
Denis Savary 2
Denis Savary 3
Denis Savary 4

Boréale, 2014
Court. Galerie Xippas, Genève

Öyvind, 2015
Court. Galerie Xippas, Genève

Jubilé (détail), 2015
Court. Galerie Xippas, Genève

Frégate, 2015
Court. Galerie Xippas, Genève




Denis Savary, Neige de Printemps

in cycle Des histoires sans fin, séquence été 2015
du 10 juin 2015 au 13 septembre 2015


Longtemps, l’ultime étage du Mamco ne disposait d’aucune cimaise et proposait, à travers de larges fenêtres, un panorama à 180°. C’est le souvenir de ce belvédère lumineux, donnant sur le Salève et le Jura, qui forme le point de départ de l’exposition Neige de Printemps de Denis Savary, constituée en grande partie de nouvelles pièces.


Ainsi les murs extérieurs se trouvent recouverts d’un crépi blanc pailleté qui plonge l’exposition dans une fiction architecturale et météorologique. Il y aurait de nouveau des ouvertures au dessus des balcons et il y aurait de la neige et du brouillard. Un de ces jours blancs où l’on peine à distinguer le sol du ciel et où chaque forme, chaque matière se perçoit dans l’à-peu-près. L’exposition pourrait s’entrevoir alors comme une expédition polaire où défilent des peuplades endémiques. Ou encore, comme un carnaval  mondain sur un toit-terrasse, extravagant mais courtois, surpris par un frimas inattendu. Ou encore comme une maison de poupées décalottée,  elle même secouée dans une boule à neige. Ou encore comme mille autres choses…

Et de fait, Neige de Printemps est un nid de métaphores, inspirée autant par la banquise, le penthouse, la maison, le village, voire le frigo. L’artiste s’est emparé du quatrième étage, a pris en compte sa spécificité pour en redessiner la géographie. Une logique du saisissement et de l’altération qui opère dans chacune de ses œuvres. Pool est ainsi la radiographie d’un masque de clown réalisé par Paul Klee, agrandie et modifiée pour épouser les contours d’un petit bassin. Jubilé reprend des dessins de Hokusai pour les faire passer à l’échelle d’enseignes en cerceaux de couleur — enseignes qui feront songer éventuellement aux néons de Maurizio Nanucci  aperçus dans l’escalier  du musée. Feu d’artifice est la réalisation en bousillé, une technique qui amalgame du verre coloré, d’une sculpture primitive géométrique. Chacun de ces glissements est l’occasion pour l’artiste de collaborer avec différents corps de métiers : serruriers, menuisiers, tanneurs, souffleurs de verre, couturiers… La forme initiale devient l’objet d’un dialogue mettant en jeu différents savoir-faire. Au fil de sa conception, l’œuvre va alors se charger de différentes histoires. En termes culinaires, on parlerait ici d’une sorte de farce, d’une manière de remplir jusqu’à saturation une figure pour en révéler des saveurs inattendues. Quelque chose comme : Frégate cuisine la valise d’un bateau miniature du XVIe siècle « à la sauce » de la statuaire africaine.

Dans ce régime de la métaphore généralisée, tout peut s’envisager simultanément comme un personnage ou un élément de décor, comme le contenant ou le contenu. Une réversibilité de sens et de statut qui joue pleinement dans les relations qui se nouent entre certaines pièces. Si l’exposition débutait par l’envol de serviettes dans une élégante chorégraphie, (réminiscence de la dernière grande exposition de l’artiste, à la Kunsthalle de Berne), Les quatre vents, réalisée en gabions, évoque davantage l’atterrissage et la force de la gravité. Ailleurs, Stromboli, qui tient autant du nu que du paysage, répondra comme le positif improbable du masque-bassin.

L’étrange météo de cette Neige de Printemps en plein été apporte un courant d’air dans les travées de l’exposition. Structures gonflables, tunnels, boursouflures, dessins et baleines en lévitation : les motifs sont nombreux qui suggèrent le sentiment d’une brise, d’un courant. C’est sans doute ce léger frisson qui donne aux œuvres cet « effet de fantaisie » pour reprendre une expression de Philippe Alain Michaud à propos de l’artiste. C’est lui certainement qui fait fuir cette exposition de cristal, où tout flotte, se reflète, se diffracte mais où rien jamais ne se pétrifie. Bien au contraire, les œuvres se découvrent sur le rythme jubilatoire d’une parade.


Denis Savary est né en 1981 à Granges-Marnand ; il vit à Genève.