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  Bruno Pélassy

exposition temporaire
Bruno Pélassy  

Bruno Pélassy 1
Bruno Pélassy 2
Bruno Pélassy 3
Bruno Pélassy 4

Sans titre (Casque de méduse), 1997,
coll. Galerie Daniel Varenne, Genève.

Reliquaire, 1992-1993,
coll. famille Pélassy, Nice ; court. : Air de Paris, Paris.

Série Bestioles :
Sans titre, 2001, coll. Museo Ettore Fico, Turin ;
Sans titre, 2001, coll. famille Pélassy, Nice,
court. : Air de Paris, Paris ;
Sans titre, 2001, court. : Air de Paris, Paris.

Vue partielle de la rétrospective consacrée à
Bruno Pélassy, Mamco, 2016,
court. : Air de Paris, Paris.

Photos: Annik Wetter — Mamco, Genève.






Bruno Pélassy

in cycle Des histoires sans fin, dernière séquence
du 24 février au 1er mai 2016


L’œuvre de Bruno Pélassy s’étend sur une période de dix ans à peine. Touché très tôt par la maladie, il sera emporté par le virus du SIDA à l’âge de 36 ans. Durant cette brève période, il aura réussi à élaborer une esthétique singulière, portée par un corpus de pièces  oscillant  entre le tragique et le burlesque, l’excentrique et le raffiné, la grâce et l’obscène, le minutieux et le précaire.


Formé au textile et à la joaillerie (il a notamment dessiné des bijoux pour Swarovski), Bruno Pélassy a gravité autour de la Villa Arson à Nice dès le début des années 1990. Il se fait proche d’une génération d’artistes qui bouscule joyeusement les identités sexuelles et manifeste un goût pour l’ornement dans un contexte artistique qui reste encore marqué par l’héroïsme viril et formaliste de Supports-Surfaces.

Dans cette nébuleuse — qui comprend notamment les artistes Jean-Luc Verna, Marie-Eve Mestre, Brice Dellsperger, Natacha Lesueur, ou Jean-Luc Blanc — Pélassy se distingue par un savoir-faire artisanal qui lui permet de travailler les bijoux et les parures. Rideaux et sculptures de perles, robes, gants statufiés ou assemblages intuitifs sont quelques éléments de cette poétique de la « merveille ».

Son nom reste associé à deux séries emblématiques : les « créatures », élégantes poupées de tissus évoluant dans des aquariums et les « bestioles », de petites sculptures habillées de costumes excentriques qui ne cessent de s’agiter. Au trouble mutique que produit l’envoûtement des premières répond l’arrogance malpolie des secondes. Ce bestiaire est complété par les serpents entortillés sur des branches de velours. L’un d’entre eux, intitulé Ouroboros, renvoie au mythe autophage d’autodestruction et de renouvellement.

Une pulsion morbide traverse nombre des travaux de l’artiste. Présenté au centre de l’exposition, son film Sans titre, Sang titre, Cent titres compile dans un agencement saccadé des extraits de films, de documentaires et de publicités. Le plan d’ouverture de Shining de Stanley Kubrick revient comme une ritournelle, instaurant la sensation d’un cauchemar imminent. Monté par l’artiste avec un magnétoscope, le film ne se diffuse que sur VHS. Ainsi, plus il est montré, plus il se détériore, plus l’image et le son s’affadissent avant de disparaître. Un processus de corruption que l’on retrouve dans la série de dessins We Gonna Have a Good Time où les modèles de salons de coiffure sont rongés par la maladie.

Symbolique de la mue et pratique du montage caractérisent la grande installation réalisée par l’artiste à l’Atelier Soardi en 1997, dans le cadre de l’exposition Sur le moment. Pour le décor d’un « safari rave photo » initié par l’artiste Ben, Pélassy, alors en plein déménagement, recrée une chambre avec ses propres affaires. Au sol, des tapis bariolés accueillent un lit, des fauteuils, des tables et un tas d’accessoires ; au mur, c’est un gigantesque patchwork de tentures sur lequel prennent place, outre une fausse tête de rhinocéros de Ben, un certain nombre de travaux de ses proches.

Œuvre essentielle dans la carrière de l’artiste, il est impossible de la recréer à l’identique. Le Mamco a donc invité les artistes Brice Dellsperger et Natacha Lesueur à proposer une « version » de la chambre réalisée à partir des archives photographiques et des discussions avec certains témoins de l’époque ; une manière de rendre compte des liens qui unissaient Pélassy avec la communauté artistique niçoise. Il faut insister ici sur le rôle bienfaiteur de Ben, dont Pélassy fut l’assistant occasionnel, et qui exerça un soutien important de l’artiste, notamment par de nombreux achats de pièces. Bruno Pélassy aura également cultivé un goût pour l’occulte, les symboles cryptiques et les objets sacrés. La série des reliquaires présente des bijoux et un blouson dans des coffres baroques. Exposés dans une salle noire, comme le fit l’artiste en 1993, ils fourmillent de détails secrets et demeurent muets quant à leur possible fonction rituelle. Une année plus tard, l’artiste réalise le Temple qui accumule les fétiches et s’accompagne d’un poème sibyllin qui mélange le latin au français et à l’anglais : les herméneutes en seront pour leur compte. Au final, cette œuvre protéiforme, généreuse, excentrique, romantique, traversée d’intuitions géniales, manifeste, pour reprendre les termes de Didier Bisson, « le risque de vivre ainsi que le souci de l’inconnu, avec l’idée d’avoir aussi à mourir ».


L’exposition prolonge et enrichit celle organisée par Claire Le Restif au
Centre d’art contemporain d’Ivry-le Crédac en janvier 2015.
Elle a bénéficié du précieux concours de la famille Pélassy, de Florence Bonnefous,
Marie Canet, Brice Dellsperger et Natacha Lesueur.



Bruno Pélassy est né en 1966 à Vientiane, au Laos ; il est décédé en 2002 à Nice.