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  Adrian Paci 

exposition temporaire
The Column  

Adrian Paci
Extrait de la vidéo The Column




Adrian Paci, The Column

in cycle Des histoires sans fin, séquence automne-hiver 2013-2014
du 16 octobre 2013 au 12 janvier 2014


Né en Albanie, Adrian Paci, aujourd’hui installé en Italie, développe,  depuis les années 1990, un travail polymorphe (vidéos, installations, peintures, sculptures et photographies) qui l’amène à mêler réalité et fiction dans des œuvres qui interrogent bien souvent l’état du monde actuel. Au cœur de ses préoccupations résident notamment le transit, la question du passage d’un lieu à un autre, celle de la migration des êtres et des choses, autant de thématiques que l’on retrouve traitées dans The Column, le film montré au Mamco.


« Le fait d’être à la croisée des chemins, à la frontière de deux identités séparées, se retrouve dans toutes mes productions cinématographiques », constate  Adrian  Paci. Ainsi l’une de ses œuvres les plus marquantes — une vidéo d’une durée de cinq minutes titrée Centre de détention provisoire (2007) —, qui a largement contribué à le faire connaître, exposait-elle d’une manière visuelle la situation actuelle des réfugiés : grimpant au sommet d’une passerelle habituellement utilisée pour accéder à l’intérieur d’un avion, un groupe d’immigrés se voyait arrêté dans sa volonté de déplacement, dans sa volonté de départ, par le seul fait que l’avion attendu n’était toujours pas arrivé — et n’allait probablement jamais se présenter à lui. Il résultait de cette situation une image finale d’hommes serrés les uns contre les autres sur et au bout d’une passerelle abandonnée à elle-même sur le tarmac d’un aéroport, vision forte d’une attente interminable vers une impossible destination, voire vers une impossible liberté politique, et parabole sur la situation de l’étranger dans le monde actuel. Avec The Column (2013), une de ses toutes dernières créations, c’est toujours la question du transit, du statut des travailleurs étrangers, qui est posée (l’artiste a dû lui-même quitter l’Albanie en 1997 à cause d’émeutes violentes pour se réfugier avec sa famille à Milan). Et comme toujours, également ici, ce sont des acteurs non professionnels qui sont sollicités, une façon pour l’artiste de rester au plus près de la réalité vécue par ses personnages tout en mêlant le réel et la fiction jusqu’à rendre ces derniers indissociables. Le point de départ de ce film est une information transmise à A. Paci par une de ses connaissances. Celle-ci lui dit qu’il était possible de solliciter une entreprise chinoise pour lui demander de construire sur un bateau-usine toutes sortes de choses acheminées alors à leur destinataire, ces marchandises étant produites sur le bateau pendant le voyage pour être livrées à l’acheteur une fois le périple depuis la Chine accompli. L’artiste s’est donc adressé à ces entrepreneurs d’un nouveau genre et leur a demandé de réaliser une colonne en marbre de style corinthien. Le film est le récit de cette construction qui est également une manière d’odyssée, un long transport (n’oublions pas que ce mot est aussi la traduction possible du terme grec métaphora (métaphore), si bien que l’on peut interpréter  cette vidéo, de même que l’ensemble du travail de A. Paci, comme une vaste entreprise métaphorique). L’on suit l’ensemble du processus de production depuis l’extraction du bloc de marbre jusqu’à l’apparition de la colonne au fond du navire. L’on voit aussi les conditions dans lesquelles travaillent ces ouvriers — ces esclaves modernes — dont l’usine se déplace — et qui est donc extraterritoriale, en perpétuelle délocalisation, ce qui est l’état du capitalisme aujourd’hui. Aucun commentaire n’accompagne le déroulement des images. Mais l’œil du réalisateur est suffisamment humain et acéré pour nous faire partager la virtuosité manuelle de ces hommes et les conditions de travail indignes qu’ils sont contraints d’accepter. Le résultat de cette opération est une pièce d’architecture classique — une colonne qui pourrait provenir d’un site antique —, qui est une œuvre dans l’œuvre, une sculpture dans le film, lequel est lui aussi empreint d’une beauté actuelle et ancienne. Enfin le déroulement fluide de ce périple filmé lui donne un calme voire une sérénité qui contrastent avec l’effort déployé pour fabriquer la marchandise commandée, pour travailler dans cet univers métaphorique. Son caractère de fable moderne s’en trouve décuplé voire magnifié. Vies en transit, titre d’une exposition récente de A. Paci, pourrait aussi être celui de ce film dont la beauté plastique ne dissimule en aucune manière la misère humaine dans laquelle vivent, ou plutôt survivent, ceux qui sculptent l’œuvre.


Adrian Paci est né à Ahkoder, Albanie en 1969 ; il vit à Milan.