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  Hayan Kam Nakache

exposition temporaire
Schmögelito   

Hayan kam Nakache 1
Hayan kam Nakache 2

Vues partielles de l'exposition


Hayan Kam Nakache, Schmögelito

in cycle Des histoires sans fin, séquence été 2015
du 10 juin 2015 au 13 septembre 2015


Durant son exil à Jersey, Victor Hugo s’est adonné à de très nombreuses séances spirites. Outre les retranscriptions de ses dialogues avec l’au-delà, il subsiste de cet épisode ésotérique un certain nombre de surprenantes encres médiumniques, où des visages émergent des ténèbres d’une tache, où une ligne sinusoïde épouse subitement les contours délicats d’une feuille d’acanthe.

Le spiritisme hugolien n’est pas vraiment le problème d’Hayan Kam Nakache, loin de là. L’artiste partage cependant avec le poète une conception du dessin par prolongement automatique, transformation, émergence de formes dans le chaos. Une tache se fait ornement puis architecture, se voit affligée de yeux et de motifs géométriques, retourne dans l’abîme avant d’esquisser une silhouette zoomorphe. Une pratique du dessin compulsive, jubilatoire. L’exposition présente ainsi un ensemble conséquent de dessins et gravures sélectionnés parmi les centaines, peut-être même les milliers que H. Kam Nakache compile dans ses cartons.

Comme peut l’indiquer le titre de son exposition, réminiscence d’un surnom de jeunesse, l’artiste revendique un attachement adolescent pour le mauvais goût, le graphisme ringard, le graffiti raté, la caricature d’agenda lycéen. Toute une culture visuelle dont on préfère détourner le regard. Il ne s’agit pas tant ici de la sauver avec condescendance, sur le mode d’une réconciliation  post-moderne qui ferait fi des distinctions haute et basse culture, mais de démontrer qu’il y a là manifestement une grande richesse formelle. À la manière de ces déchets qui s’accumulent dans une rivière en crue, H. Kam Nakache ne cesse d’agglomérer, d’entasser les formes au rebut dans le territoire du crayon. Dans leur maladresse et leur obstination vulgaire, il y a quelque chose comme l’hilarité gratuite et désordonnée du paria.

On trouvera par ailleurs ça et là, un certain nombre d’allusion à la culture du fanzine et de la bande dessinée indépendante (les hachures de Robert Crumb, l’obscénité de Teruhiko Yumura) ou encore à la caricature  et au dessin de presse. C’est ce dernier aspect particulièrement qui est accentué dans l’exposition. Le choix des dessins en noir et blanc (alors que H. Kam Nakache dessine également en couleur) s’est en effet opéré d’une part pour les rapprocher  de ceux de Carroll Dunham présentés dans la salle attenante, d’autre part pour souligner l’influence revendiquée par l’artiste de Saul Steinberg, l’illustrateur de presse américain. Cette référence permet d’envisager finalement ces dessins sous un autre angle. Par delà l’effet de brouhaha qui émane au premier regard, on finit par ressentir une certaine maîtrise de la ligne encrée et l’amorce d’une calligraphie singulière.


Hayan Kam Nakache est né en 1982 à Damas ; il vit à Genève.