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  John Miller 

expositions temporaires
Pilot, 2000   
Le Milieu du jour, 1994-2004   

Sans titre (22 juillet 2001)
série de 20 photographies couleur ; 31.5 x 25.5 cm chacune
coll. de l'artiste

Sans titre (29 septembre 1996)
photographie couleur ; 31.5 x 25.5 cm
coll. de l'artiste

Sans titre (31 novembre 1994), tirage 2004
photographie couleur ; 31.5 x 25.5 cm
coll. de l'artiste



John Miller, Le Milieu du jour, 1994-2004

in cycle Rien ne presse / Slow and Steady / Festina lente, septième épisode
E la nave va  /  du 9 juin 2004 au 12 septembre 2004

Des passants en quête d’un déjeuner rapide, une maison à vendre, une aire de jeu désertée, un canal vénitien sans attrait particulier, un adepte de la sieste sur les bancs publics, des ballons aux couleurs pastel, une rue immobilisée par la neige, une terrasse de café aux chaises renversées sur les tables, une femme âgée au teint cireux assoupie dans le métro : autant d’images qui ont en commun d’avoir été prises, ces dix dernières années, entre midi et 14 heures par l’artiste américain John Miller. Depuis fin 1994, J. Miller est le photographe du « milieu du jour » : un moment durant lequel les activités de tout un chacun s’interrompent pour marquer une pause. Ce que ses photographies montrent au premier regard sont des scènes anodines, presque banales. Selon ses propres termes, J. Miller a « choisi de photographier des choses qui se donnent comme "quotidienne" » au sens où l’on qualifie des « choses jugées trop insignifiantes pour fonctionner comme des représentations ». Pourtant, replacées au sein du « Middle » of the Day – une série qui compte à ce jour plusieurs centaines de clichés –, ces images revêtent une fonction quasi allégorique vis-à-vis de notre société postmoderne, qui, comme le « milieu du jour », peine à se nommer. Elles incarnent à travers des scènes de la vie ordinaire une certaine vacance du sujet, une non définition et une disponibilité du sens. C’est leur « mise en série » qui force le spectateur à considérer ce qui d’aventure ne retiendrait guère son attention : les varices d’une dame au pas pressé ; la mine contrite d’une jeune femme cherchant dans une boisson énergétique le tonus nécessaire à une fête « techno » ; des tulipes qui, par leur éclairage et leur cadrage, semblent marcher sur la ville ; le regard vague d’une fumeuse coincée entre une borne d’incendie et une poubelle urbaine. Il y a bien souvent dans les images de J. Miller un détail – que Roland Barthes appelle le « punctum » – qui, sitôt repéré, les fait basculer dans l’extraordinaire, suggérant que « la vie quotidienne est largement inconnue et peu familière ». « The Middle of the Day » est le journal de ces rencontres improbables, témoignant en images – presque au jour le jour (les photographies sont indexées par leur date) – des pérégrinations de l’artiste aussi bien à Berlin, Tokyo et New York que Lisbonne, Los Angeles et Vienne. C’est un peu de son intimité dont le spectateur est appelé à s’approprier lorsque J. Miller lui demande de faire siennes ses propres images. L’artiste se présente à lui sans emphase, comme un photographe amateur travaillant sur son temps libre et dont la règle première – celle de ne photographier qu’entre midi et 14 heures – enfreint déjà les usages élémentaires de sa discipline : ne pas photographier lorsque le soleil, brillant au zénith, fait disparaître ombres et contraste. Si J. Miller nous demande pourtant de regarder les images du « Middle of the Day » avec l’attention que nous donnerions à des photographies dites artistiques, c’est alors peut-être pour mieux nous libérer des tyrannies que représentent, en photographie, le sujet, la virtuosité, l’expression et la narration.

Christophe Cherix



John Miller est né en 1954 à Cleveland, il vit à New York et Berlin.
www.lownoon.com