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  Bujar Marika 

expositions temporaires
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présentation des collections
L'Escalier  Marika_Escalier_I Marika_Escalier_T

La Paresse, 2009
bloc papier quadrillé, mouvement horloger à quartz
coll. succession de l’artiste
photo : Anne-Laure Oberson

Sans-titre (double coffre-fort), nd (2009)
coll. succession de l’artiste

Quartz Quartet, 2008
4 cahiers quadrillés, mouvements horlogers à quartz,
pupitres en acier chromé
coll. succession de l’artiste





Bujar Marika, Paradox Park

in Futur antérieur, séquence d'automne-hiver 2010
Logiques  /  du 20 octobre 2010 au 16 janvier 2011


Cette exposition présente un ensemble d’œuvres récentes. Elles furent sélectionnées par l’artiste en anticipation d’une exposition posthume et regroupées sous le titre Paradox Park. Ainsi juxtaposées, elles répondent à une même logique, alors que chacune s’intègre également à la thématique du temps qui traverse l’ensemble de l’œuvre de Bujar Marika et elles s’inscrivent toutes dans la continuité de ses recherches.

« J’utilise le paradoxe comme un outil pour connaître la réalité. » L’énoncé d’une telle tactique de la part de B. Marika indique que l’acte créatif relève d’une méthode. L’artiste attache une grande importance à la surface des choses sans pour autant s’en satisfaire ; il conçoit le processus de création artistique comme une recherche, un apprentissage, et l’œuvre d’art comme un véhicule de sens autant que d’émotions. Ainsi, sous le regard du spectateur, comme pris au piège de sa propre vanité, son attention retenue, l’œuvre peut s’épanouir dans toute sa complexité et dévoiler un par un des niveaux de lectures progressivement plus subtils. B. Marika joue avec les objets et les mots au-delà de leur limite.
Les œuvres présentées dans Paradox Park sont humbles d’apparence, modestes par leur taille et les matériaux utilisés, pourtant elles se révèlent extrêmement puissantes et fertiles. L’utilisation de titres en anglais est récurrente chez B. Marika. Le choix alterné, et souvent mélangé, du français ou de l’anglais confère une tonalité particulière à l’œuvre d’art et l’inscrit dans une filiation anglo-saxonne et/ou française, minimaliste et/ou duchampienne. Le titre est une clé de lecture de l’œuvre, un indice pour la déchiffrer et fournit un contexte d’interprétation. Paradox Park dans sa formulation sans déterminant fait écho aux locutions Industrial Park, Business Park, Amusement Park, etc., c’est à dire à un lieu artificiel générique réservé à une activité particulière.
La notion de paradoxe se comprend selon la stratégie formulée par l’artiste, à savoir une technique pertinente contre les idées reçues — auxquelles il a souvent du faire face. Puis ce sont les références scientifiques qui permettent d’interpréter la manière dont s’articulent les œuvres, leur fonctionnement dans la création du sens. Ainsi, Floating Home, illustration ironique du paradoxe d’Archimède, ébranle la force du bon sens. Philosophiquement, le paradoxe est un exercice pour « rester éveillé », ne jamais accepter mais questionner constamment. En référence directe à Marcel Duchamp, B. Marika ambitionne de créer des « objets à penser » et de concevoir chaque œuvre réalisée comme une entité complexe entre formes et sens.B. Marika construit des œuvres de manière mathématique et littéraire, à l’aide de principes tels que le calcul et la syntaxe qu’il utilise comme matériaux constitutifs au même titre que la peinture, le bois ou les objets récupérés. L’intitulé fait partie intégrale de l’œuvre et est ainsi un acte créatif. Libre des conventions plutôt qu’handicapé par les limites de sa connaissance d’une langue française qu’il ne maîtrise pas parfaitement, il joue avec les lettres, les sons et l’orthographe. Si la technique de l’assemblage est plus évidente sur les œuvres de type ready-made, c’est pourtant aussi par assemblage qu’il conçoit les pièces réalisées sur le temps selon une stratégie de contamination, en choisissant « des objets qui ont une bonne réception et dont la raison d’être est relative au temps. »
Pour B. Marika le dispositif d’exposition joue un rôle prépondérant dans l’appréhension des œuvres par le spectateur. Il considérait longuement, à l’avance sur plan et jusqu’à la dernière minute dans l’espace, la présentation de ses œuvres. Dans le cadre de cette présentation in memoriam le choix des œuvres respecte une liste établie par l’artiste peu de temps avant son décès ; il s’agit d’un choix contingent et non exhaustif, déterminé par des conditions restreintes de réflexion et de communication. En ne transmettant que l’essentiel, B. Marika fut confiant de l’efficacité de sa pensée, réceptif à l’interprétation d’autrui et généreux de laisser son œuvre inachevée comme une vaste contrée à explorer.

* Les œuvres posthumes ont été réalisées sous la supervision d’Anne-Laure Oberson, qui signe ce texte, selon les directives transmises par l’artiste et en accord avec sa famille.


Bujar Marika est né à Tirana (Albanie) en 1943 ; il est décédé à Genève en 2009.