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  Bertrand Lavier 

exposition temporaire
Expositions 1976-2001. Rétrospective   

présentation des collections / archives
Nord 2  

Pylône chat, 1993-2001
treillis métallique
coll. Mamco

Vue partielle de l'exposition
salle : « Walt Disney Productions 1947-1995 »

Vue partielle de l'exposition
salle : « Walt Disney Productions 1947-1995 »



Bertrand Lavier,
Expositions 1976-2001. Rétrospective

in cycle Vivement 2002 !, cinquième épisode
du 1er juin 2001 au 16 septembre 2001

Un réfrigérateur posé sur un coffre-fort, un piano repeint, une Alfa Romeo écrasée, une montgolfière, un pylône électrique tronqué, un nounours sur un socle… l’art de Bertrand Lavier se constitue 'a priori' de gestes – des gestes qui semblent d’abord toucher aux principes fondamentaux de l’art (qu’est-ce qu’une sculpture, qu’est-ce qu’une peinture, qu’est-ce qu’un objet d’art ?) – des gestes dont le pouvoir d’attraction quasi déconcertant semble tenir à une simplicité radicale, à tel point que par une pointe d’ironie et pour paraphraser l’histoire de l’œuf de Christophe Colomb, B. Lavier n’hésitera pas à intituler « Cinq Pièces faciles » la présentation d’une série d’objets peints à la Galerie Éric Fabre en 1981.

Et pourtant… Cette « facilité » déconcertante suffit-elle à cacher la maîtrise inquiétante des présupposés esthétiques dont elle joue : à propos de cette exposition chez Éric Fabre, un critique de l’époque, parlant de « l’ambiguïté rayonnante » de ces pièces « ni tout à fait peintures ni tout à fait objets » (elles restent en effet utilisables), était conduit à convoquer pas moins que la touche de Van Gogh (à propos de la peinture qui recouvrait ces objets), ainsi que les pommes et le compotier de Cézanne (à propos de leur parfaite et émouvante banalité). Duchamp et le « ready-made » n’étaient également pas loin, de sorte que les principaux enjeux de la modernité semblaient rassemblés là dans l’espace pour que le visiteur puisse déambuler à leur contact immédiat.

En 1984, B. Lavier déclarait : « Je n’ai pas d’atelier, je ne suis pas producteur d’images : je fais des expositions. » Comment comprendre cette affirmation qui pourrait être attribuable à Daniel Buren ? Certes pas comme une expression de l’in situ, comme une forme d’attachement à l’espace réel. Si l’exposition est décisive dans le travail de B. Lavier, c’est parce qu’elle est le lieu où vient se concrétiser quelque chose qui n’existait pas avant, où vient se manifester une intentionnalité qui dépasse l’œuvre isolée.

Avec « Expositions », la plus-value que représente l’exposition se manifeste encore différemment – c’est-à-dire ailleurs que dans les rites qui déterminent généralement une rétrospective. En réactualisant des expositions, donc des ensembles d’œuvres, B. Lavier se donne la possibilité de réexaminer les conditions dans lesquelles elles furent montrées et de les réactiver globalement par rapport aux enjeux qui sont maintenant ceux de son travail. Ce faisant, il souligne aussi ce qui est une des particularités essentielles de sa méthode : les « chantiers ». Pour expliquer cette manière de travailler, B. Lavier disait récemment qu’il n’y avait pas chez lui de période bleue suivie d’une période rose : toute son œuvre est co-présente à elle-même et disponible dès que les circonstances s’y prêtent. La rétrospective « Expositions » révoque donc un des rituels les moins discutés de la rétrospective – la chronologie et implicitement, la notion de progrès de l’œuvre – au profit d’une dynamique de déconstruction et de reconstruction permanente. C’est ainsi que « Cinq Pièces faciles », une de ses plus anciennes expositions, sera réactualisée mais avec des pièces nouvelles conçues pour cette exposition. Le passé projeté dans le devenir, l’identique sous l’angle du différent : tel n’est pas le moindre des défis que l’entreprise de B. Lavier projette sur sa propre mémoire.


Bertrand Lavier est né en 1949 à Châtillon-sur-Seine, il vit à Aignay-le-Duc et à Paris.