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  Julius Kaesdorf

exposition temporaire
Des anges  

Julius Kaesdorf 1
Julius Kaesdorf 2
Julius Kaesdorf 2
Vues partelles de l’exposition

Un ange qui réveille le président avec sa toux, 1983
Coll. Succession Julius Kaesdorf
Julius Kaesdorf, Des anges

in cycle L’Éternel Détour, séquence printemps 2013
du 20 février 2013 au 5 mai 2013


Julius Kaesdorf est né en 1914 en Hongrie et a émigré en 1950 à Biberach  (Allemagne) où il se fait connaître comme avocat et comme peintre. En 1953, il épouse Romane Holderried dont le Mamco a présenté en 2012 l’œuvre graphique. Alors que les dessins de R. Holderried Kaesdorf trahissent une impatience dans la création, les peintures de J. Kaesdorf sont empreintes de retenue et de concentration. Si le couple échange régulièrement sur les avancées de ses travaux respectifs, il y a peu de perméabilité entre les deux univers. Avec une cinquantaine de tableaux, l’exposition consacrée à J. Kaesdorf couvre près d’un demi-siècle  d’activité solitaire.


Bien qu’autodidacte en art, le panthéon de J. Kaesdorf est éclectique. Il aime les paysages de Guardi et de Turner, Morandi dont il a pu voir quelques œuvres originales, Giacometti et Jawlensky. Et même s’il ne comprend pas toujours Mondrian, dont l’œuvre se dérobe à ses analyses, il en apprécie les compositions abstraites. Il est familier des Modigliani, Soutine, Renoir, Rousseau, Utrillo… de la collection de l’Orangerie à Paris. En sculpture, il aime la statuaire grecque et romaine qu'il observe inlassablement au Louvre et se passionne pour la décadence de l’Empire romain.

Avocat, J. Kaesdorf est peintre le week-end, ce qui aurait pu faire de lui un peintre du Dimanche s’il n’y avait eu cette capacité de l’œuvre à retenir le regard du visiteur, comme celui de Joseph Beuys séduit par les peintures de celui qu’il appelait le « petit maître », ce qui relevait chez lui du compliment.

J. Kaesdorf peint ce qu’il a à portée de regard. C’est Romane Holderried,  sa future femme, qui l’encourage à faire le pas et à peindre ce qu’il voit depuis sa fenêtre. Ses premières peintures sont stylisées, naïves, sensibles. Vers 1960, à la recherche d’un langage visuel personnel, il réalise des compositions géométriques dans lesquelles les figures deviennent progressivement anecdotiques. Les images qu’il produit ne s’imposent ni par leur format ni par leur style, mais par leur caractère ambigu. Visages hallucinés, aux traits estompés, happés, dilués dans les aplats délavés des vêtements et des fonds. Les traits des visages se résument à des lignes serpentines, des virgules, des points colorés dans lesquels on les devine.

Comme chez Morandi,  l'univers  formel de J. Kaesdorf se limite à l’étude d’un nombre restreint de motifs. Sa peinture est une peinture du dépouillement, une peinture silencieuse recouverte d’une brume où jouent subtilement des bruns, des ocres, des gris et des blancs. Au cours des années, la palette aux tonalités sourdes s’éclaircit au point que figure et fond se confondent dans des surgissements empâtés qui conservent la trace d’un geste qui n’est plus retenu. Paradoxalement, le public découvrira les peintures sombres au moment où il abandonne ces tonalités pour une palette plus lumineuse. Hormis cette évolution de style, la figure humaine, qui occupe dans les années 1960 la majeure partie de la toile, s’éclipse dans les peintures de la décennie suivante, au profit de masses colorées qui architecturent les fonds. J. Kaesdorf ne renoncera cependant jamais à être un peintre figuratif. Les formats qu’il utilise sont modestes. Le tableau doit être réalisé en deux jours. Des toiles plus grandes supposeraient un mode de pensée et de faire qui lui est étranger. Les toiles sont ensuite transportées jusqu’au cabinet d’avocats, dans une salle entièrement vide où elles sont réévaluées, après coup.

J. Kaesdorf est un pelleteur de nuages qui aime raconter des histoires dans lesquelles se mêlent vécu personnel et inventions. Tout comme ses récits, son univers pictural est peuplé d’éléments récurrents, anges, architectures, paysages, portraits flirtant avec l’abstraction. Les toiles réalisées après  1990 sont les plus abouties. La figure y revient en force et occupe de nouveau avec aisance l’espace. Des anges y déploient leurs ailes, avant d’être emportés par un souffle dans d’improbables nuées. Ces figures d'anges, qui occupent le cycle de peintures le plus tardif, sont des portraits de saints réalisés de mémoire à la suite de ses nombreuses visites d’églises baroques de l'Allemagne du Sud dénotant l'intérêt de J. Kaesdorf pour la peinture baroque, intérêt qu'il exprime dans un texte « Damals im Barock » (Du temps du Baroque).


Julius Kaesdorf est né en 1914 à Bóly, Hongrie ; il est décédé en 1993.