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  Thomas Huber 

expositions temporaires
Biens communs III  
Vous êtes ici  Huber_Ici_IM 
Die Post, 1990 & Bilderlager II, 1980-1993  
Mesdames et Messieurs, 1994  

présentations des collections / archives
Modèles modèles 2   
Modèles modèles   

Thomas Huber1
Thomas Huber2
Thomas Huber3
Au lieu de Skopia, 2012
L’expositio
n, 1992-1994
Eau, sel et tableaux, 1987
 
 
 





Thomas Huber, Vous êtes ici

in cycle L’Éternel Détour, séquence printemps 2012
du 22 février 2012 au 6 mai 2012


Depuis le début des années 1980, l’artiste suisse Thomas Huber développe un travail pictural profondément lié à l’écriture et à la parole. Moins parce que dans ses tableaux des signes sont visibles et des mots, voire des expressions, sont lisibles, que parce que, parallèlementà son activité de peintre, il écrit des textes qu’il prononce, telles des conférences, devant les images qu’il invente. Il retrouve et explore ainsi le lien, consubstantiel à l’histoire de l’art, entre la figure peinte et le texte.

Le travail pictural de Thomas Huber, depuis ses tout débuts jusqu’à aujourd’hui, n’a connu aucune évolution (encore moins de révolution). Ni dans sa facture, ni dans ses thématiques il n’a été modifié à quelque moment que ce soit, donnant ainsi l’image d’une peinture d’emblée installée dans son identité immuable voire dans une certaine intemporalité. On y trouve généralement des intérieurs d’architectures monumentales dans lesquels se déroulent des scènes qui tiennent bien souvent d’un rêve éveillé, des bâtiments imposants installés dans des villes la plupart du temps désertes et pourquoi pas utopiques (Th. Huber a, d’ailleurs, créé une ville fictive dénommée Huberville, objet de plusieurs de ses toiles, et Giorgio de Chirico, peintre des villes silencieuses et désertes, est un de ses artistes favoris) et surtout des tableaux, beaucoup de tableaux peints dans des tableaux. Ce dernier apparaît comme l’objet structurant doublement ses recherches : même si Th. Huber explore beaucoup de médiums et de techniques de monstration (films, vidéos, installations, diaporamas, dessins, aquarelles, toiles), c’est bien le tableau qu’il utilise la plupart du temps ; il est le véritable moyen par lequel se fait pour lui l’accès au monde réel et imaginaire. Ainsi peut-on voir un peu moins de quatre cents œuvres dans la rétrospective proposée par le Mamco dont le titre Vous êtes ici — sigle destiné à situer le piéton sur les cartes urbaines publiques — indique au visiteur une manière de devoir de présence devant les images, ou bien le fait que les images lui donnent la possibilité d’être véritablement là. L’exposition, qui se veut didactique, est organisée d’une manière chronologique et débute au quatrième étage du musée. Elle couvre une période de travail d’à peu près trente années. Les toiles sont réunies par groupes d’œuvres portant chacun un titre (La poste, La bibliothèque, Sonnez les matines...). Pour présenter ces tableaux, sont reconstitués les dispositifs de monstration originaux, ceux qui ont été inventés lors de leur première exposition. Des maquettes et des installations sont aussi proposées, de même que des esquisses, des plans explicatifs et des citations de l’artiste, qui sont inscrites sur les murs. Par ailleurs, cinq panneaux peints par Th. Huber — qui proposent des images d’Huberville, sa cité fictive —, sont installés dans la ville, dans la périphérie du Mamco et dans un quartier géographiquement assez proche de l’institution, façon de transporter l’imaginaire de l’artiste au coeur de Genève.

Th. Huber a consacré un discours à chaque groupe d’œuvres. Car sa peinture est profondément liée aux textes qu’il écrit à propos de ses tableaux et qu’il prononce, devant ses propres toiles, à l’occasion d’un vernissage. Au tout début de son travail, d’ailleurs, il ne faisait pas à proprement parler d’exposition : il donnait une conférence devant une de ses images avant de la reprendre, de la soustraire à la visibilité publique. Ces textes, dont le Mamco publie une anthologie à l’occasion de cette rétrospective (Mesdames et Messieurs. Conférences 1982-2010), sont à la fois des récits fictionnels, des épisodes autobiographiques, des considérations philosophiques sur l’art et l’existence, des rêves diurnes, des digressions à partir des images, des mises en abîme du regard, des visions fantastiques du tableau... Ils montrent combien, dans l’art de Th. Huber, le voir, le lire, le dire et l’entendre sont intimement mêlés, et que l’un ne fonctionne pas pleinement sans les autres. Par là il retrouve une loi ancienne de l’histoire de l’art, qu’il réinvente en l'inversant, celle de l’ut pictura poesis selon laquelle la peinture doit être semblable à la poésie pour être véritablement grande. Pour Th. Huber, c’est maintenant le verbe qui est l’alter ego du tableau, tous les deux ayant une pleine existence dans le Vous êtes ici de la conférence.


Thomas Huber est né en 1955 à Zurich ; il vit à Berlin.
www.huberville.de/prestart_high_frz.htm