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  Alex Hanimann 

expositions temporaires
No proof, no commentary, no double entendre  
Shifting, 2004  
Pawlow-Block  

Alex Hanimann 1
Alex Hanimann 2
Alex Hanimann 3
Alex Hanimann 4

Vue partielle de l'exposition

I'll touch you, 2011
gouache sur papier, 355 x 269 cm

As-tu, 2011-2012
lightbox, 137 x 171 cm

I her, 2011,
gouache sur papier, 220 x 181 cm




Alex Hanimann,
No proof, no commentary, no double entendre

in cycle L’Éternel Détour, séquence été 2012
du 6 juin au 16 septembre 2012

À la lecture du titre de l’exposition d’Alex Hanimann, tout lecteur francophone sera surpris par ce qui semble une juxtaposition fautive de deux mots, « Double entendre ». Ou, pour le moins, une bizarrerie linguistique. Cette étrangeté de l’intitulé guette le spectateur tout au long de l’exposition. Ces œuvres qui font la part belle aux jeux de langage, constituent une part importante du travail d’Alex Hanimann dont le Mamco avait montré à plusieurs reprises l’autre versant, le monde des images.


La démarche d’Alex Hanimann se place dans un ensemble de pratiques contemporaines très diverses, au carrefour de l’interaction entre l’art et les mots qui s’est nouée tous azimuts dès le début du 20e siècle. La présence du langage écrit est en effet devenue de plus en plus insistante dans le territoire plastique et la valeur proprement visuelle de l’écriture est allée jusqu’à exclure de l’image tout autre élément que le scripturaire. C’est exactement dans cette fracture que s’articulent les deux pans des recherches d’Alex Hanimann qui peuvent subrepticement se rencontrer sur certains de ses dessins dans lesquels le texte survole tel un titre le sujet dessiné ou vient s’inscrire dans une bulle expressive de bande dessinée.

Lorsqu’il s’éloigne de l’image et travaille « purement » le langage, Alex Hanimann en exploite tous les ressorts, du signe typographique, du mot, de la phrase et de la phonétique au passage d’une langue à une autre. À Ferdinand de Saussure (1857-1913) pour qui « le signe graphique est une image ou une forme à considérer en soi », Alex Hanimann répond par la variété des usages qu’il insuffle au matériau typographique. Les pages textuelles d’Alex Hanimann, qu’elles soient au format du livre ou à celui du mur, n’évoquent pas la bigarrure des textes de presse présents dans les œuvres cubistesmais s’établissent avec affirmation sur le terrain de l’écrit. Lettres et chiffres acquièrent des propriétés visuelles autant par leur forme dessinée ou dactylographiée que par leur disposition sur la page. Le fait est connu, c’est à Stéphane Mallarmé (1842-1898) que revient d’avoir brisé le carcan imposé des typographes, mais il est curieux de constater que l’invention du texte est ultérieure à celle de l’écriture. L’histoire rapporte que c’est Zénodote d’Éphèse (IIIe siècle avant J.-C.), premier directeur de la Bibliothèque d’Alexandrie qui devant les multiples difficultés de lecture et d’archivage, notamment de la scriptio continua, aurait instauré le premier système d’organisation visuelle de l’écrit dans l’espace de l’écrit : le blanc entre les mots1.

Le travail d’Alex Hanimann veut aller au-delà des pures recherches graphiques dont elles ne constituent pas un point d’arrivée mais, pourrait-on dire, un point de départ, un déclencheur de l’imaginaire du spectateur, un embrayeur linguistique. Il jongle avec les mots, attentif à leur sens età ceux qui peuvent survenir lorsqu’ils sont juxtaposés, assemblés, soulignés, barrés, lus dans un sens inversé, traduits dans une autre langue.

« Classer, c’est interpréter », aime à expliquer Alex Hanimann. Observant et analysant sa production, multiple — ses dessins-image et ses travaux sur le langage — mais également son imposante archive de photographies découpées dans les journaux et magazines ponctuant la vie sociale et politique, il lui a paru impératif, au risque de s’y égarer soi-même, d’inventer son propre thesaurus. Des corpus se sont alors constitués selon des thèmes. Son intérêt pour la langue étant de l’ordre encyclopédique, son classement thématique s’égraine en modes d’emploi, règles diverses, jeux de langage, logique, langue banale, listes de mots, axiomes, rythmique et sonorité des mots. Au même titre, les images sont classifiées en groupes constitués par les plantes, les animaux, les dessins abstraits, la danse, les personnages qui agissent, les personnages qui se présentent… Peints sur le mur, soufflés dans des tubes de néons, dessinés à la gouache lettre après lettre puis assemblés dans des collages monumentaux ou façonnés à la manière des enseignes lumineuses, les textes d’Alex Hanimann, s’ils suggèrent de possibles cohérences significatives, conservent toujours quelque chose de « flottant ». À savoir qu’ils n’obligentà aucune signification précise et absolue. Celle-ci est à disposition de qui veut la saisir, à la disponibilité du spectateur de les lire et de créer ses propres associations.


1. Nina Catach, « Retour aux sources », Traverses, nº 43, février 1988, pp. 33-47.



Alex Hanimann est né en 1955 à Mörschwil, il vit à Saint-Gall.