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  Donatella Bernardi 

exposition temporaire
Fortuna, 2002-2005  

Anne-Laure Kénol et Wolfgang Wengenroth
dans Fortuna Berlin
crédit photographique : Bettina Herzner

Rike Schubert et Rainer Kühn
dans Fortuna Berlin
crédit photographique : Oliver Eckert

 

 

 





Donatella Bernardi, Fortuna, 2002-2005

in cycle Mille et trois plateaux, troisième épisode
Configurations  / du 7 juin 2005 au 18 septembre 2005

« Fortuna Berlin » (2005) met en scène deux personnages féminins, la ville de Berlin ainsi que des lieux que tout oppose : l’architecture solennelle et intimidante de l’aéroport Tempelhof, le futurisme de la salle du Philharmonique de Berlin, une boutique branchée de Mitte ou un club de boxe délabré et populaire de l’ancienne République démocratique allemande. Le titre du film est d’ailleurs explicite : en citant la capitale de la réunification, il emblématise l’importance du cadre géographique, social et culturel de toute destinée. Associé à l’allégorie de la chance et du hasard, il insère une réalité dans le mythe. En effet, si le film est fondé sur de vraies rencontres, de réelles données biographiques (Anne-Laure Kénol est une véritable cantatrice soprano professionnelle) et un travail documentaire circonstancié (l’actrice-doublure Rike Schubert s’est entraînée sous les instructions de Diana Hahn, boxeuse amateure berlinoise…), il se présente pourtant comme une fiction. Exercice de style sur l’interprétation, le film peut être considéré comme une variation sur l’opéra de Mozart « La Flûte enchantée ». N’y retrouve-t-on pas le récit initiatique, des personnages-types et le thème de la lutte et de la conquête ? La maîtrise du jeu des acteurs, des décors, des cadrages ou des dialogues, nourrie néanmoins d’improvisation, est en harmonie avec Anne-Laure / Justine qui dompte sa voix à merveille, rejette tout fatalisme et compose avec l’infortune et l’imprévu.

Dans « Installation » (2004), il s’agit d’élire domicile. Synonyme de survie, l’appartement se transforme vite en un espace de convoitise identitaire et d’exposition, voire en un rêve éveillé. C’est à travers cette quête du logement que se scénarisent l’appartenance sociale, l’histoire du goût et le voyeurisme. Le film est finalement une mise en abîme de l’exposition car l’appartement n’est pas seulement un plateau artificiel de tournage, c’est surtout l’espace d’exposition réel de l’association Forde, lieu de diffusion de l’art contemporain situé à L’Usine à Genève. Bien plus, il est le simulacre de l’appartement devenu « display » du collectionneur parisien Ghislain Mollet-Viéville reconstitué au Mamco. L’issue de cette série de faux-semblants n’est pas pour autant une pure imposture. Donatella Bernardi, simultanément réalisatrice, commissaire d’expositions et co-responsable de Forde en 2002-2004, a exposé les œuvres des artistes genevois et commandé le mobilier au designer Francisco Torres pour les filmer ensuite dans « Installation ».

Le choc des cultures, plus frontalement filmé dans « Splitternackt » (2002), sert de leitmotiv au travail de l’artiste. Incidemment, puisque c’est plutôt le caractère hétéroclite, rhizomique et spatial de la pensée qui conduit chacun de ses projets d’exposition, de travail éditorial ou critique… Et si le cinéma est son moyen d’expression esthétique, c’est parce qu’il est à même de traduire le fonctionnement de l’esprit, ses associations d’images, ses divers points de vue, son langage incarné, son analyse critique du réel, sa perfectibilité par le travail en équipe ou encore sa fantaisie et son imagination.


Donatella Bernardi est née en 1976, elle vit à Genève.