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  Art & Language

présentation des collections
L'Appartement    

présentation des collections / archives
en 1994  

 
 
 




Art & Language

 

Le nom d’Art & Language désigne l’œuvre artistique et littéraire née de la collaboration de deux artistes, Michael Baldwin et Mel Ramsden, ainsi que des textes collectifs auxquels est associé Charles Harrison. Le nom dérive de celui du journal « Art-Language » qui rend systématiquement compte de débats et d’analyses critiques. Publié pour la première fois à Coventry en 1969, ce journal continue d’être édité par C. Harrison. Entre 1968 et 1976, de nombreux collaborateurs s’associent temporairement au groupe. À la fin de 1969, Art & Language incluait déjà la contribution des New-Yorkais Joseph Kosuth et Ian Burn. Après dix ans d’existence, Art & Language connaît de profondes mutations. Seuls deux de ses membres, M. Ramsden et M. Baldwin, en poursuivent désormais le projet.

Dans les années 60, l’objectif principal d’Art & Language consiste à remettre en question le discours moderniste qui, pendant vingt ans, a dominé l’art de l’après-guerre. La modernité abstraite, telle qu’elle a été formulée par des critiques comme Clement Greenberg, revendique surtout un art apolitique et autonome, avec une volonté expressive caractérisée par la spontanéité et l’immédiateté, totalement indépendant du langage. Art & Language répond à cette position par une pratique collective et anonyme. Au travers d’une activité réflexive, qui situe le débat au-delà du strict niveau formel, il inclut dans l’œuvre les effets du discours qui l’accompagne ou la produit.

En cela Art & Language occupe un rôle essentiel dans la naissance de l’art conceptuel qui, dès la fin des années 60, développe de nouvelles formes d’art. Celles-ci n’ont plus besoin de l’objet pour réaliser une démarche artistique ; elles proposent une analyse critique des conditions d’existence de l’œuvre d’art.

Une vingtaine de numéros de la revue « Art-Language » ont permis de développer une réflexion sur les formes très diverses que peut prendre l’œuvre d’art : l’affiche, le disque, la vidéo, le texte imprimé, le drapeau ainsi que, bien sûr, le tableau. A travers ses formulations, Art & Language pose des questions aussi essentielles que celles de la signature, de l’anonymat, de la neutralité, mais aussi de la nature sociale et politique de l’œuvre d’art.

À la fin des années 70, l’art conceptuel est largement admis et reconnu dans le champ de l’art officiel. Pour parer au risque de banalisation de sa pratique artistique, Art & Language décide de reconsidérer la peinture sur le terrain de ses recherches. Ce nouveau projet n’est pas moins subversif et médité que l’ancien pôle de réflexion. Il s’agit d’aborder par le médium de la peinture elle-même les problématiques picturales : geste, expressivité et signification des images.

Les différentes séries de peintures qui se succèdent – depuis « Portraits » (1979-1980), « Peintures à la bouche » (1981), « Ateliers de l’artiste » (1982-1983), « Index : Incidents au musée » (1985-1987), « Otages » (1988-1991) jusqu’aux « Index : Now They Are » (1992-1993) et « Incident, Now They Are » (1993) – interrogent les lieux de production et de consommation artistiques (l’atelier, le musée, la palette), les modalités d’abstraction et de représentation, le sujet et la surface, et même les genres historiques (le portrait, le paysage et le nu). Elles se caractérisent par des superpositions d’images autant que par des recouvrements de sens. La série des « Portraits de V.I. Lénine dans le style de Jackson Pollock » réunit dans une même peinture deux styles antagonistes : celui du Réalisme socialiste soviétique (le portrait de Lénine) et celui de l'Expressionnisme abstrait américain à travers la technique du 'dripping' de Jackson Pollock, symbole de la libération des moyens d’expression et figure mythique de la peinture moderniste. Dans la série « Index : Incidents au musée », Art & Language représente une exposition de ses propres œuvres dans les murs du Whitney Museum à New York, musée qui pourtant ne collectionne, exclusivement, que des œuvres américaines. De plus, certaines des œuvres représentées n’existent pas, tout au moins pas sous cette forme-là. Cet « incident » suscite plusieurs sujets de réflexion. En face des œuvres d’Art & Language, le spectateur ne peut plus simplement faire acte de contemplation, il doit sans cesse évaluer, comparer, réfléchir et s’interroger sur ce qu’il voit et ne voit pas. Art & Language porte sur le monde un regard analytique, critique, ironique et subversif qui questionne les valeurs établies.

Françoise Vallet